États-UnisCondamné à 400 ans de prison, il est reconnu innocent
Accusé d’avoir été le chauffeur lors d’un braquage, Sydney Holmes a été totalement disculpé. Mais il a passé 34 ans en prison.
- par
- Michel Pralong
Le 19 juin 1988, deux personnes se font dévaliser par deux individus qui les menacent avec une arme. Les hommes s’enfuient en voiture. Ils n’ont jamais été identifiés, ni arrêtés. Mais la police a mis la main sur Sydney Holmes, 23 ans, suspecté d’avoir servi de chauffeur dans la fuite des voleurs. Se basant sur un témoin oculaire qui l’avait identifié ainsi que sur sa voiture, une Oldsmobile qui ressemblait à celle vue sur les lieux du crime, un jury avait reconnu cet homme coupable de complicité en avril 1989. Et le juge l’avait condamné à 400 ans de prison, une peine qui avait surpris même les policiers qui étaient sur l’affaire à l’époque.
Mais Sydney Holmes n’a jamais cessé de clamer son innocence. En 2020, il a contacté l’unité de révision des condamnations du procureur de l’État pour demander que l’on réexamine son cas. Ce qui a été fait. Une enquête de deux ans et demi a trouvé sa conclusion ce 13 mars. Le condamné est innocent.
«Je n’ai pas de haine»
Son identification par un seul témoin n’est pas fiable et les enquêteurs de l’époque avaient ignoré les différences signalées entre son Oldsmobile et celle utilisée par les voleurs. «Les procureurs ne pensent pas qu’il y ait eu d’inconduite intentionnelle de la part des témoins ou des forces de l’ordre, car les pratiques et la technologie d’identification se sont considérablement améliorées depuis 1988 et les policiers ont suivi les normes acceptées à l’époque, a déclaré le bureau du procureur dans un communiqué de presse lundi, écrit le «Miami Herald». Les méthodes utilisées ne seraient pas des pratiques acceptables aujourd’hui».
Très ému au moment de l’annonce de sa libération, Sydney Holmes aura donc passé 34 ans en prison, son père et ses grands-parents étant décédés pendant sa détention. Il a été accueilli par sa mère en larmes, qui s’est jetée dans ses bras. Il a déclaré aux journalistes qu’il ne savait pas trop où il en était, mais qu’il savait ce qu’il allait faire: «Je vais me trouver quelque chose à manger», ajoutant qu’il n’avait pas de haine, qu’il allait continuer à aller de l’avant, lui qui n’avait jamais perdu espoir.