SoudanLes épidémies menacent à cause des milliers de cadavres
Au Soudan, quatre mois de combats ont fait près de 4000 morts. À Khartoum, les corps sont abandonnés dans la rue et les morgues manquent d’électricité. Il y a des risques de paludisme ou de choléra.
Au Soudan, les combats entre l’armée et les paramilitaires ont, depuis près de quatre mois, laissé derrière eux des milliers de cadavres en décomposition, qui font craindre des risques d’épidémies dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Est, alerte, mardi, Save the children. «Des milliers de cadavres se décomposent dans les rues de Khartoum, alors que les morgues sont saturées et font face à des coupures de courant», souligne l’ONG.
La guerre opposant l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, aux Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a déjà fait plus de 3900 morts, selon l’ONG Acled, et plus de quatre millions de déplacés et réfugiés, selon un dernier bilan annoncé, mardi, par l’ONU. «L’impossibilité d’offrir des funérailles dignes à ceux qui meurent augmente la souffrance des familles à Khartoum», affirme le directeur du département santé de Save the children, Bashit Kamal Eldin Hamid.
Septante et un des 89 hôpitaux hors service
L’impossibilité d’enlever ces cadavres, en raison des combats, et le manque d’électricité, qui ne permet plus au système de réfrigération des morgues de la capitale de fonctionner, exposent doublement les habitants à des risques d’épidémies. Sur les 89 principaux hôpitaux de la capitale, 71 sont hors service et ceux encore opérationnels sont souvent la cible d’attaques ou de pillages.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a ainsi répertorié 53 attaques contre des structures de soins, ayant causé onze morts depuis le début de la guerre, le 15 avril.
Les dangers de la saison des pluies et des eaux stagnantes
Depuis des mois, les ONG martèlent que le temps presse, car les eaux stagnantes de la saison des pluies, qui débute en juin, favorisent les épidémies, allant du paludisme au choléra, en passant par la dengue. Des cas de choléra et de rougeole ont été détectés dans différentes régions du pays, prévient l’OMS.
Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés à Khartoum, où l’armée de l’air pilonne des zones résidentielles, visant les bases installées depuis plusieurs années par les paramilitaires, lesquels répliquent avec des drones.