Israël«Nous sommes très inquiets que le pays devienne une dictature»
À Tel-Aviv et dans d’autres villes israéliennes, des milliers de personnes ont à nouveau protesté samedi contre une réforme visant à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats.
Des milliers de manifestants à travers Israël sont sortis samedi dans la rue pour la 11e semaine consécutive contre un projet de loi du système judiciaire controversé, soutenu par le premier ministre Benjamin Netanyahu.
«Nous voulons qu’Israël reste démocratique»
Sur la place Dizengoff, à Tel-Aviv, des milliers de personnes ont agité des drapeaux bleu et blanc, aux couleurs d’Israël, ainsi que celui arc-en-ciel de la communauté LGBT+, selon un journaliste de l’AFP sur place. La foule a ensuite défilé en coupant la circulation automobile dans le centre-ville, scandant des slogans comme «Sauvez la démocratie!»
«Je suis inquiète, non pas pour moi-même mais pour mes filles et mes petits-enfants (…) nous voulons qu’Israël reste démocratique et libéral, juif bien sûr, mais libéral, et nous sommes très inquiets que (le pays) devienne une dictature», a confié à l’AFP Naama Mazor, 64 ans, retraitée venue depuis la ville de Herzliya, au nord de Tel-Aviv.
«Nous sommes ici pour manifester jusqu’au bout, et nous espérons que cela se finira bien», a-t-elle ajouté. Pour Sagiv Galan, 46 ans, le gouvernement «essaie de détruire les droits civils, les droits des femmes, les droits des LGBT+ et tout ce pour quoi la démocratie se bat».
Selon les médias locaux, des manifestations ont eu lieu dans plus de 100 autres villes et villages, dont Haïfa (nord), Jérusalem et Beersheva (sud). À Herzliya, au nord de Tel-Aviv, un homme de 57 ans a percuté en voiture un groupe de manifestants, a indiqué la police, ajoutant qu’une personne avait été arrêtée et une autre hospitalisée, sans donner plus de détails.
Clause «dérogatoire» décriée
Il s’agit de la 11e semaine consécutive de manifestations contre ce projet de réforme, annoncé début janvier, et qui comprend l’introduction d’une clause «dérogatoire» permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême.
Cette réforme vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats. Selon ses détracteurs, elle met en péril le caractère démocratique de l’État d’Israël et pourrait aider à casser une éventuelle condamnation de Benjamin Netanyahu, jugé pour corruption dans plusieurs affaires. S’adressant aux manifestants réunis dans la ville d’Ashdod (sud), le chef de l’opposition Yaïr Lapid a assuré que le gouvernement «ne souhaite ni négociations ni compromis.»
«Ils veulent aller de l’avant avec ce (projet de) loi et transformer Israël en un État non-démocratique.» Benjamin Netanyahu et ses alliés estiment la réforme nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, qu’ils jugent politisée. Plusieurs dispositions ont déjà été adoptées en première lecture au Parlement.
Le président israélien Isaac Herzog a présenté mercredi une ébauche de compromis sur le projet de réforme, acceptée par les dirigeants des partis d’opposition mais immédiatement rejeté par la coalition au pouvoir. «Celui qui pense qu’une guerre civile est impossible n’a pas idée à quel point nous en sommes proches (…) mais je ne laisserai pas faire», avait déclaré Isaac Herzog mercredi, ajoutant être convaincu que «la majorité des Israéliens veulent un compromis».
Une roquette tirée de Gaza tombe en Israël
Une roquette tirée de la bande de Gaza a atterri samedi en Israël, a déclaré l’armée israélienne qui n’a pas fait état de victime.
Après que des sirènes ont retenti dans le kibboutz Nahal Oz, proche de la bande de Gaza, l’armée a indiqué dans un communiqué «qu’une roquette a été tirée depuis la bande de Gaza vers le territoire israélien. Elle est tombée dans une zone découverte.» L’armée n’a pas fait état de victime.
Deux témoins à Gaza ont affirmé à l’AFP avoir vu une roquette tirée depuis la bande de Gaza, micro-territoire de 2,3 millions d’habitants sous blocus israélien depuis que le mouvement islamiste Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Aucune faction palestinienne n’a revendiqué dans l’immédiat ce tir.