France«On paie des impôts, on ne sait pas pourquoi, tout part à vau-l’eau»
Emmenée par l’opposition de gauche, une marche «contre la vie chère» rassemblait dimanche 140’000 participants à Paris, selon les organisateurs, et 30’000 selon la police.
Des milliers de personnes défilaient dimanche à Paris à l’initiative de l’opposition de gauche à Emmanuel Macron, qui espère contribuer à «la construction d’un nouveau Front populaire» en France, sur fond de pénurie de carburants provoquée par une grève.
«C’est la grande conjonction»
Cette «marche contre la vie chère et l’inaction climatique», soutenue par des associations et des fédérations syndicales, rassemblait peu après 16h00 140’000 participants selon les organisateurs et 30’000 selon les services de police. «C’est la grande conjonction, c’est nous qui la commençons avec cette marche qui est un immense succès», s’est félicité le leader du parti d’opposition La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon depuis un camion au milieu de la foule, en annonçant «la construction d’un nouveau Front populaire qui exercera le pouvoir dans le pays le moment venu».
Il a défendu l’idée d’une «grève générale» mardi, relayant des appels lancés en ce sens, notamment dans les transports (SNCF, RATP, dockers) et dans la fonction publique. «La puissance de notre marche est un appui à la mobilisation des salariés, notamment celle qui va avoir lieu» mardi, et «il faut penser tout ça comme un tout, qui s’entre-épaule, qui s’entraide», a estimé dimanche Jean-Luc Mélenchon.
«Meilleur partage des richesses»
Dans le cortège, des représentants de tous les partis de gauche, ainsi que la Prix Nobel de Littérature Annie Ernaux avaient fait le déplacement. «Le message est simple: nous voulons un meilleur partage des richesses», a pour sa part estimé le numéro un du parti socialiste Olivier Faure. Pour Christopher Savidan, 47 ans, au chômage depuis cinq ans et militant LFI, «il est temps de se réveiller. Les gens en haut sont hors sol. On paie des impôts, on ne sait pas pourquoi, tout part à vau-l’eau. La logique veut que toutes les luttes s’agglomèrent». De nombreux «gilets jaunes» mais aussi beaucoup de retraités étaient également visibles dans un défilé coloré avec quelques bonnets phrygiens, et ponctué par des chants, et même par la musique de Star Wars.
Si la manifestation se déroulait sans grave affrontement en milieu d’après-midi, des vitrines brisées et quelques échauffourées ont éclaté en marge du défilé, a constaté un journaliste de l’AFP. Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs charges et ont utilisé des gaz lacrymogènes, après des jets de projectiles en leur direction. Une agence bancaire a été saccagée par des hommes vêtus de noir et masqués.
Pénurie de carburants
Avant une prise de parole attendue dans la soirée de la Première ministre Elisabeth Borne, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a lui fustigé «une marche des partisans du blocage du pays», en référence à une grève pour les salaires dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies, entamée depuis bientôt trois semaines, entraînant une pénurie de carburants qui affecte de nombreux secteurs d’activité.
Près d’une station-service sur trois (27,3%) manquait d’au moins un produit samedi, selon le gouvernement. Dans la région parisienne, la situation était plus tendue avec 39,9% de stations-services en difficulté. Outre les automobilistes, et tout particulièrement les professionnels de santé, qui continuaient ce week-end leur quête de carburant un peu partout en France, de nombreux agriculteurs redoutent de ne pas être en mesure de réaliser leurs semis de céréales d’hiver à temps, faute de carburant, surtout dans le nord du pays.