FootballFC Bâle: petit papier, tir «Ave Maria» et fin de saison excitante
Le FC Bâle est devenu jeudi soir la 22e équipe suisse à se qualifier pour un quart de finale européen. Commencé difficilement, l’exercice 2022/2023 du FCB peut encore bien tourner.
- par
- Robin Carrel
Jeudi soir, en 8e de finale retour d'Europa Conference League contre le Slovan Bratislava, le club rhénan était encore parti pour vivre une désillusion, comme d'habitude cette saison, serait-on tenté d'écrire. Et puis il y a eu Zeki Amdouni. L'attaquant genevois, convoqué sous les drapeaux dans la journée par le sélectionneur suisse Murat Yakin, a envoyé une prière de 20, 25 mètres. Au football américain, on appelle ça une «passe Avé Maria». Au football tout court, c'est un tir de la dernière chance. Le ballon a rebondi juste devant les mains du portier Adrian Chovan et il a fini au fond des filets.
Deux-deux, comme à l'aller, balle au centre, prolongations, puis victoire aux tirs au but. Si certains veulent faire passer ça pour une loterie, les Rhénans, eux, avaient parfaitement préparé leur coup. Marwin Hitz a reçu un petit papier avec les habitudes des tireurs slovaques de la part de son entraîneur spécifique Gabriel Wüthrich, qui avait fait le travail en amont à la vidéo. «Je ne peux que le remercier. Ce soir, j'ai été un simple exécutant de ses consignes. Tout est venu de la préparation réalisée avant le match et les infos étaient 100% correctes», a dit l'ancien portier de Dortmund. Il a sorti deux penalties et Bâle est passé en quart de finale aux forceps.
«Ça a été terriblement difficile, a soufflé jeudi soir, dans les colonnes de la Basler Zeitung, le capitaine Taulant Xhaka. On s'attendait à ce que le Slovan Bratislava pousse offensivement. Mais finalement, ils ont attendu et profité de nos erreurs. On a ensuite montré qu'on était costauds psychologiquement et remonté le score déficitaire de 2-0. En deuxième période, on avait le match sous contrôle total. Ensuite, quand on s'est retrouvé à jouer notre qualification aux tirs au but, on était sereins. Nous savions très bien que nous pouvions compter sur un grand gardien.» Alors que les Slovaques, eux, ont fait rentrer leur jeune portier remplaçant Martin Trnovsky (22 ans), qui n'a pas effectué une parade...
Faire partie des huit dernières équipes en lice dans une compétition européenne, Bâle en a presque pris l'habitude. Le club du coude du Rhin a joué les quarts de finale de la Coupe des Champions en 1974, ceux de la Coupe de l'UEFA en 2006, de l'Europa League en 2014 et 2020. Il avait même fait partie du dernier carré il y a pile dix ans, avec à la clé une défaite honorable contre Chelsea en demi-finale (1-2; 1-3). Il s'agit, en tout, du vingt-deuxième quart de finale d'un club suisse au niveau européen. La défunte Coupe des vainqueurs de Coupe y a bien participé, c'est vrai, mais la performance est tout de même à souligner.
Les clubs suisses en quarts de finale (ou mieux) d'une compétition européenne
Coupe d'Europe des Clubs Champions: Grasshopper (1956-1957 et 1978-1979: 1/4 de finale); Young Boys (1958-1959: 1/2 finale); FC Zurich (1963-1964 et 1976-1977: 1/2 finale); FC Bâle (1973-1974: 1/4 de finale).
Coupe d'Europe des vainqueurs de Coupe: Lucerne (1960-1961: 1/4 de finale); Lausanne-Sport (1964-1965: 1/4 de finale); Servette FC (1966-1967 et 1978-1979: 1/4 de finale); FC Zurich (1973-1974: 1/4 de finale); FC Sion (1986-1987: 1/4 de finale); Young Boys (1987-1988: 1/4 de finale); Grasshopper (1989-1990: 1/4 de finale).
Coupe de l'UEFA: Grasshopper (1980-1981: 1/4 de finale); Neuchâtel Xamax (1981-1982 et 1985-1986: 1/4 de finale); FC Bâle (2005-2006: 1/4 de finale).
Europa League: FC Bâle (2012-2013: 1/2 finale, 2013-2014 et 2019-2020 (1/4 de finale).
Un quart de finale de Conference League, une deuxième place de Super League toujours possible - le SFC n'est qu'à quatre points, finalement - et une demi-finale de Coupe de Suisse début avril à St-Jacques contre YB... La fin de saison des Rhénans sera ainsi potentiellement excitante, d'autant plus que le tirage au sort des quarts de finale, effectué vendredi après-midi à Nyon, n'a pas de quoi effrayer les Bâlois. L'OGC Nice, septième de Ligue 1, va certes bien mieux depuis que Lucien Favre a dû céder son poste à Didier Digard (36 ans) au tout début de l'année 2023.
Le «grand frère» du Lausanne-Sport au sein de la galaxie Ineos est capable du meilleur (victoire 3-1 à Marseille et 3-0 à Monaco) comme du pire (nuls 1-1 contre Auxerre et concédé à Nantes à la 88e), ces dernières semaines. Digard a toutefois égalé un record sur la période, devenant le deuxième entraîneur niçois à ne pas avoir perdu lors de ses dix premiers matches en poste, six victoires et quatre partages des points. Un joli défi à relever et une petite revanche à prendre pour le Vaudois Dan Ndoye, non conservé sur les rives de la Méditerranée.