Afghanistan–PakistanÉchange de coups de feu au principal poste-frontière
Les forces de l’ordre afghanes parlent d’attaque sur leur territoire, leurs homologues pakistanaises rétorquent que ce sont ceux d’en face qui ont ouvert le feu. Le poste a été fermé.
Une fusillade a éclaté, mercredi, entre les forces afghanes et pakistanaises au principal poste-frontière entre les deux pays, lequel a été fermé, chacun accusant l’autre de l’avoir déclenchée. Depuis le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, en août 2021, les relations sont tendues avec le Pakistan, qui accuse son voisin d’abriter des groupes armés préparant des attentats sur son sol.
De fréquentes échauffourées ont lieu le long de la frontière qui sépare les deux pays, et dont aucun gouvernement afghan n’a jamais reconnu la démarcation. Ces échanges de coups de feu se sont produits mercredi, vers 13h, heure locale (10h en Suisse), au poste-frontière de Torkham, le plus fréquenté entre les deux pays.
«Les forces afghanes ont tenté d’établir un poste de sécurité dans une zone où il avait été convenu qu’aucune des deux parties n’en construirait. Après une objection de la partie pakistanaise, les forces afghanes ont ouvert le feu», a affirmé Irshad Mohmand, un responsable de l’administration locale pakistanaise. «Nos forces ont répliqué par des coups de feu, et le poste-frontière a été fermé en raison des tirs.»
Autre pays, autre version
«Un affrontement entre les deux parties s’est déroulé après que les forces pakistanaises ont attaqué le territoire afghan à Torkham», a rétorqué Quraishi Badloon, un responsable du Service de l’information de la province afghane de Nangarhar. «Les forces pakistanaises ont attaqué la partie afghane quand les forces afghanes ont voulu remettre en état leur ancien avant-poste avec une pelleteuse.» Il a souligné que la fusillade avait fait des victimes, sans pouvoir communiquer de bilan.
Un haut responsable de la police pakistanaise a, en milieu d’après-midi, indiqué que les tirs avaient cessé, mais que le poste-frontière restait fermé. «L’ambiance est tendue et les forces armées sont en alerte de chaque bord. Nous tentons de résoudre le problème pacifiquement», a déclaré cette source, sous couvert d’anonymat.
«Des efforts sont menés pour prévenir les causes de cet affrontement et empêcher que de tels incidents se renouvellent», a confirmé, sur X (anciennement Twitter), le porte-parole du Ministère afghan de l’intérieur, Abdul Mateen Qani.
Lieu majeur d’échanges
Torkham, situé à 180 km de chaque capitale, est un lieu majeur d’échanges commerciaux entre les deux pays, où l’Afghanistan exporte du charbon vers le Pakistan, qui lui livre en retour de la nourriture et des produits divers. Le Pakistan est confronté depuis plusieurs mois, en particulier depuis le retour au pouvoir des talibans, à une détérioration de la sécurité, notamment dans les régions frontalières de l’Afghanistan.
Islamabad accuse notamment Kaboul – qui nie – de laisser opérer depuis le territoire afghan les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP). Le TTP a multiplié ces derniers mois les attaques, qui visent surtout les forces de sécurité, en particulier la police, après avoir renoncé, en novembre, à un cessez-le-feu fragile et promis de commettre des attentats dans tout le Pakistan.