Etats-Unis: Des crèches trop chères laissent souvent les mères à la maison

Publié

États-UnisDes crèches trop chères laissent souvent les mères à la maison

Aux États-Unis, faire garder un jeune enfant relève souvent du parcours du combattant, poussant des parents, souvent les mamans, à finalement rester à la maison, faute d’argent.

Aux États-Unis, «le Covid a entraîné la fermeture de près de 16’000 crèches», soit «10%», soulignait, fin septembre, Calvin Moore, responsable du Council for Professional Recognition.

Aux États-Unis, «le Covid a entraîné la fermeture de près de 16’000 crèches», soit «10%», soulignait, fin septembre, Calvin Moore, responsable du Council for Professional Recognition.

REUTERS

Pas de place en crèche. Ou à un tarif bien trop élevé. Faire garder un jeune enfant relève souvent du parcours du combattant aux États-Unis, poussant nombre de parents, souvent les mères, à finalement rester à la maison. «Le problème existait avant la pandémie et s’est aggravé depuis», a précisé Kevin Schreiber, qui dirige l’alliance économique du comté de York, en Pennsylvanie.

Il s’exprimait en marge d’une visite des présidents de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, et de l’antenne de Philadelphie, Patrick Harker, venus lundi rencontrer les acteurs économiques locaux. Sans place de crèche disponible ou abordable, impossible de trouver un emploi, ou de le conserver, au moment même où le pays connaît une importante pénurie de main-d’œuvre.

La région très manufacturière de York, située entre Washington et New York, a perdu 20% de ses crèches depuis le Covid. Et celles qui restent «fonctionnent à 85% de leur capacité» seulement, faute de personnel, détaille Kevin Schreiber.

Une famille sur cinq a perdu un salaire

Au total, aux États-Unis, «le Covid a entraîné la fermeture de près de 16’000 crèches», soit «10%», soulignait, fin septembre, Calvin Moore, responsable du Council for Professional Recognition – qui accrédite les établissements –, citant une étude de l’organisation Child Care Aware of America. qui accrédite les garderies.

Résultat, «dans plus de 20% des familles, l’un des parents, le plus souvent la mère, a dû quitter le marché du travail pour s’occuper des enfants, entraînant une perte importante de revenus pour le ménage», détaille Calvin Moore. Début 2023, 4,5 millions d’Américains ne travaillaient pas à cause de la garde d’enfants.

Prix exorbitants

Et même pour les chanceux qui peuvent faire garder leur progéniture, la partie n’est pas gagnée, car les prix sont souvent exorbitants. Environ «25% du revenu du ménage», explique Kim Bracey, de l’association YWCA York. Et au final, là aussi, lorsqu’il y a deux parents, ils «doivent déterminer lequel va travailler, lequel va rester à la maison, parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer» cela, déplore-t-elle. Certaines familles utilisent leur carte de crédit, s’endettant à taux élevé «pour payer les frais de garde d’enfants».

«Lorsqu’il y a deux parents, ils doivent déterminer lequel va travailler, lequel va rester à la maison, parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer les frais d’une crèche.»

Kim Bracey, de l’association YWCA York

«Les États-Unis pourraient réduire l’écart avec d’autres économies avancées au cours des cinq prochaines années», calcule Michael Pierce. Les raisons principales, selon lui, sont des emplois du temps plus flexibles, des congés parentaux plus développés, une baisse de la fertilité. Et, à moyen terme, le «soutien» que pourraient offrir des aides aux parents qui travaillent.

L’alliance économique et les entreprises de York ont, elles, décidé de s’attaquer au manque de crèches et ont recueilli «plusieurs millions de dollars, visant non seulement à améliorer l’accès à des services de garde d’enfants abordables et de qualité, mais également à former des éducateurs», a expliqué Kevin Schreiber. «C’est le principal motif d’absentéisme, nous devons donc faire mieux, pas seulement ici à York, mais partout dans le pays.»

Des systèmes de garde d’enfants plus développés ailleurs

En février 2021, Jerome Powell avait déploré que de «nombreuses autres économies avancées aient des systèmes de garde d’enfants plus développés» que les États-Unis. «Nous avions, il y a 25 ans, la plus importante participation des femmes à la population active. Ce n’est plus le cas», a-t-il regretté, faisant état de «politiques qui nous ont laissés derrière».

D’après Michael Pearce, expert pour Oxford Economics, désormais, «parmi les principales économies avancées, seule l’Italie compte une part plus faible de femmes en âge de travailler dans la population active». En août, cependant, le taux de participation des femmes au marché du travail américain avait grimpé à 57,7%, retrouvant son niveau de fin 2019, avant la pandémie. Mais il reste inférieur au record historique de 60,3% d’avril 2000, et il est reparti à la baisse en septembre, à 57,5%, selon les chiffres publiés, vendredi, par le Département du travail.

(AFP)

Ton opinion

1 commentaire