Hockey sur glace: L’amorphe HC Viège s’est transformé en machine à gagner

Lorsque des play-off commencent, peu importe la ligue, les entraîneurs ont tendance à dire que «c’est une nouvelle saison qui commence». Et ce n’est pas le HC Viège qui dira le contraire, tant l’adage s’applique à merveille à sa situation. Sous la barre durant la majorité d’une saison régulière, les Haut-Valaisans ont obtenu in extremis leur ticket pour les play-off, lors de l’ultime journée.

La trame est désormais connue à la Lonza Arena. Le club, qui possède l’un des plus gros budgets de Swiss League, annonce chaque année vouloir briguer la promotion en National League. Pour ce faire, il investit énormément, mais sur la glace, la mayonnaise ne prend jamais. Conséquence: des exercices décevants suivis d’éliminations en quart de finale à la pelle.

L’exercice 2023-2024 semblait épouser le même scénario. Sauf que les Lions créent la surprise contre Bâle, deuxième du championnat, et mènent 3-0 dans la série. «Bâle a déjà gagné la Coupe de Suisse et j’ai l’impression que leur intensité a inconsciemment diminué, analyse Dany Gélinas. Mais il faut donner beaucoup de crédit à Heinz Ehlers.»

Engagé à prix d’or à l’intersaison, l’expérimenté technicien danois devait transformer le HC Viège en lui apportant sa science tactique. Il a fallu du temps, mais les résultats arrivent au meilleur moment. «On sent la patte de Heinz, estime l’entraîneur franco-québécois, passé par les deux clubs. Son système défensif imperméable met Bâle en grande difficulté.»

Les hommes d’Eric Himelfarb dominent les parties, mais ils n’arrivent pas à faire la différence. Leur attaque, de loin la meilleure de la saison régulière, a perdu de sa superbe et Jakob Stukel (1 but en 3 matches) est muselé par l’arrière-garde haut-valaisanne.

«Bâle fait ce qu’on appelle du «hockey Hollywood», image Dany Gélinas. C’est-à-dire un jeu très offensif, mais moins focalisé sur la défense. À l’inverse, Viège ferme tous les espaces et ne fait pas du spectacle sa priorité». L’opposition de style tourne à l'avantage des plus prudents.

Pour qu’une telle stratégie fonctionne, il faut pouvoir compter sur un bon gardien. «C’était le gros point d’interrogation», relève l’ancien homme fort du HC Sierre. Malgré de bonnes statistiques (92% d’arrêts), Stefan Müller a offert passablement de buts cette année. L’Autrichien à licence suisse s’érige en une muraille quasi infranchissable depuis le début des play-off (95% d’arrêts).

«Il me surprend, c’est un bon gardien mais je ne le pensais pas capable de se montrer aussi décisif et régulier.» L’échantillon est faible avec 3 matches, mais le dernier rempart de 27 ans à la main chaude. Tel un signe du destin, le club a déjà été champion, en 2011, avec un Müller (Jonas) devant les filets.

Si on y ajoute le réveil des leaders offensifs, Viège, dont le dossier pour une éventuelle promotion en National League a été accepté, peut-il devenir un candidat crédible au titre de deuxième division?

«Il faut déjà conclure cette série, souligne Dany Gélinas. Viège a pris l’avantage psychologique et a le droit de faire une erreur, mais pas deux. Si Bâle revient à 2-3, il reprendra le momentum.»

Mardi (19 h 45) à la Lonza Arena, la troupe de Heinz Ehlers bénéficiera de sa première occasion de conclure son quart de finale et d’envoyer un signal fort à ses concurrents.