GenèveLa campagne de Fabienne Fischer sous la loupe
L’ex-conseillère d’État genevoise fait l’objet d’une dénonciation, car elle aurait utilisé des ressources publiques lors de sa dernière campagne. Elle dément «totalement».
- par
- Eric Felley
227 pages de courriels… Ce sont les documents qu’a obtenus le député MCG Daniel Sormanni concernant des faits liés à la campagne de l’ex-conseillère d’État Fabienne Fischer, l’écologiste non réélue en avril 2023. La télévision Léman Bleu a révélé cette affaire lundi et diffusé les documents qui sont censés démontrer que la ministre a «abusé des ressources de l’administration à des fins personnelles et politiques»
Engagement d’Esther Mamarbachi
Élue en 2021 contre Pierre Maudet, Fabienne Fischer, en charge du Département de l’économie et de l’emploi, avait progressivement étoffé son staff. En février 2022, elle avait créé la surprise en engageant la journaliste de la RTS Esther Mamarbachi comme porte-parole du département. Elle avait également engagé un deuxième porte-parole, transfert d’un autre département, et une ancienne journaliste de la Radio romande comme «chargée de mission» à 50%.
Le député Daniel Sormanni a voulu en avoir le cœur net sur l’implication de ces trois collaborateurs de la fonction publique dans la campagne personnelle de Fabienne Fischer. Il a requis les courriels et les agendas de ces personnes. La chargée de mission s’y est opposée, mais les deux autres non et le Département de l’économie et de l’emploi a finalement pu lui transmettre lundi 38 pages d’agenda et 227 de courriels.
Bien qu’ils soient passablement caviardés, ces documents montrent que ces deux collaborateurs ont travaillé dans le cadre de la campagne de Fabienne Fischer entre décembre 2022 et avril 2023. Selon Léman Bleu, qui a pris connaissance de l’entier des documents, cela concerne «la gestion des plannings de campagne et des agendas, la rédaction des programmes, des slogans et des thèmes, la gestion de son site internet personnel, de ses réseaux sociaux, les publications de vidéos, ou encore la gestion des photographes».
Daniel Sormanni a signé une dénonciation pénale en lien avec cette affaire. Il espère que les documents dévoilés provoquent une réaction du Procureur général ou de la Cour des comptes.
L’intéressée conteste totalement
Dans un premier temps, Fabienne Fischer n’a pas fait de commentaire et a confié ses intérêts à l’avocat et ancien conseiller aux États Robert Cramer. Mardi, ce dernier a communiqué à Léman Bleu, que sa cliente était «indignée» par ces allégations.: «Elle les conteste totalement. (…) Les différents éléments figurant dans les documents cités s’inscrivent dans le cadre des tâches habituelles des collaboratrices et collaborateurs d’un département, notamment en fin de législature, période où un magistrat est amené à faire un bilan de l’activité du département dont il a la charge.» Elle précise aussi avoir «entièrement pris en charge les frais liés à sa campagne électorale, notamment ceux du mandataire qu’elle a engagé à cet effet».