BirmanieLa junte réduit en cendres trois villages, privant de toit leurs habitants
Selon des villageois birmans, l’armée aurait mis le feu à des dizaines de maisons dans le nord du pays, où elle est confrontée à des forces rebelles.
L’armée birmane a mis le feu la semaine dernière à des dizaines de maisons dans trois villages du nord du pays, où elle fait face à des forces rebelles, ont rapporté des habitants, s’exprimant tous sous pseudonyme pour préserver leur sécurité. «Nous n’avons plus rien», dit un villageois, Khin Ma. «Nous avons trouvé refuge sous des manguiers et nous dormons sur des bâches en plastique.»
L’armée a commencé par mettre le feu le 15 mars à des maisons du village de Ta Moke, dans le district de Khin Oo, dans la région de Sagaing (nord), selon Ko Kyaw. «Ils ont brûlé les maisons une à une, explique-t-il. Tout le monde a été contraint de prendre la fuite.»
«J’ai leur ai demandé où pourrais-je trouver refuge s’ils brûlaient ma maison: ils m’ont dit de dormir sous un manguier, confie pour sa part Aye Aye Maw. Je n’ai pas eu le temps de prendre quoi que ce soit, je tremblais.»
En plein chaos depuis le coup d’État de février 2021
Les soldats ont également mis le feu à des dizaines de maisons des villages voisins de Kalar Luu et Shar Lwin le 16 mars, selon des habitants et des médias locaux. Sur des images vidéo des trois villages, on pouvait voir des bâtiments en ruines, des arbres brûlés et des tas de cendres. Certaines maisons n’avaient pas été entièrement détruites.
Ces images n’avaient pas été diffusées en ligne avant le 15 mars, selon des vérifications effectuées par l’AFP. Une pagode identifiée sur cette vidéo a pu être géolocalisée et correspond bien à la pagode de Ta Moke. Des images satellites de la NASA ont enregistré des feux à Ta Moke, le 16 mars, et à Kalar Luu, le 17 mars.
La Birmanie est en plein chaos depuis le coup d’État de février 2021 contre Aung San Suu Kyi. Des milices citoyennes secondées par des minorités ethniques ont pris les armes contre le régime dans plusieurs régions du pays. Près de 1700 civils ont été tués par les forces de sécurité depuis le putsch et près de 13’000 arrêtés, d’après un observatoire local, l’ONU dénonçant de possibles crimes contre l’humanité et crimes de guerre.