Hockey sur glace: Commentaire: le hockey suisse n’a plus de morale

Huit joueurs de l’équipe nationale juniors canadienne, en 2018, ont abusé et violé collectivement une jeune femme en état d’ébriété. Les charges ont dans un premier temps été abandonnées, pour la simple et bonne raison que la Fédération canadienne – «Hockey Canada» - disposait d’un trésor de guerre pour étouffer «ce genre de problèmes».

La Fédération – et son armée d’avocats puissants prompts à humilier et broyer des victimes faibles – a acheté le silence de la jeune femme. Les joueurs impliqués s’en sont sortis sans une égratignure… jusqu’à ce que le cas soit rouvert l’été dernier après les révélations concernant les pratiques honteuses et scandaleuses de «Hockey Canada». Une nouvelle enquête est en cours.

Tous ces joueurs bénéficient aujourd’hui de la présomption d’innocence. Dont Alex Formenton, un attaquant talentueux que tous les clubs de NHL sans exception ne toucheraient même pas avec un bâton de hockey de trois mètres, mais qu’Ambri «a eu le plaisir» (selon les termes du communiqué) d’engager mardi jusqu’au terme de la saison, certainement dans l’espoir de gagner un ou deux matches de plus cet hiver. Comme l’argent, la victoire n’a décidément pas d’odeur.

Quelques semaines auparavant en Swiss League, Viège avait ouvert la porte à un premier joueur canadien au passé trouble, Jake Virtanen (mais pour une autre affaire, close désormais, qui n’était pas du tout liée au scandale de Hockey Canada en 2018).

Lorsque le dossier de 2018 – celui qui concerne donc Alex Formenton – a été rouvert, de nombreux joueurs qui faisaient à l’époque partie de la sélection canadienne ont publié (probablement sur conseil de leurs avocats) un communiqué officiel pour déclarer publiquement qu’ils n’étaient soit pas du tout impliqués dans les faits reprochés et/ou pour dire qu’ils collaboraient pleinement avec l’enquête de police jusqu’à sa conclusion. L’étau s’est du même coup resserré sur les autres…

Un détail: Alex Formenton fait partie des rares joueurs qui n’ont, à ce jour, jamais émis la moindre prise de position.

Tôt ou tard, les huit joueurs canadiens – pour l’instant présumés innocents – impliqués dans ce viol collectif de 2018 n’auront que deux points de chute possibles pour poursuivre leur carrière: la Russie et, malheureusement, la Suisse, où leur passé, aussi trouble soit-il, ne semble finalement déranger personne, pas même les sponsors.

Parmi les dizaines de joueurs disponibles sur le marché des transferts, Ambri s’est ainsi rué sur Alex Formenton en pensant qu’un communiqué dans lequel le club se donne bonne conscience et se dédouane d’avance, au cas où, je cite: «si la nouvelle enquête de la police canadienne révèle des éléments inconnus à ce jour, le club et le joueur se réservent le droit de réévaluer leur relation contractuelle.»

Cette signature est une honte pour le hockey suisse.

Et l’engagement de ce joueur, bien que présumé innocent, est un affront pour toutes les supportrices de hockey, dans un pays, la Suisse, où plus d’une femme sur cinq a déjà été victime d’un abus sexuel (statistiques de 2019, Amnesty International).