États-UnisL’assassin d’une jeune femme de 15 ans arrêté 40 ans après les faits
Grâce à l’ADN, la police a pu identifier celui qui a violé et poignardé 59 fois Karen Stitt en 1982. Le coupable est aujourd’hui âgé de 75 ans.
- par
- Michel Pralong
Dans la nuit du 2 septembre 1982, Karen Stitt, 15 ans, et son petit ami se dirigent aux alentours de minuit vers un arrêt de bus à Sunnyvale, en Californie, près de San Francisco. Le jeune homme la laissera là, voulant rentrer le plus vite possible chez lui pour ne pas se faire reprocher d’être sorti trop tard. Il dira par la suite combien il a regretté ce geste.
Car le lendemain matin, un chauffeur d’un camion de livraison aperçoit un corps nu à une centaine de mètres de l’arrêt de bus. Karen Stitt a les mains liées dans le dos avec sa propre chemise rayée, sa veste est nouée autour de sa cheville gauche. La malheureuse a été violée puis poignardée… 59 fois. Le petit ami de 17 ans est le premier suspect, mais la grand-mère de Karen ne pense pas qu’il puisse avoir été capable de commettre un crime aussi horrible, écrit le «Mercury News». Il faudra toutefois attendre les progrès dans l’analyse ADN dans les années 2000 pour qu’il soit rayé de la liste des assassins possibles.
Car du sang qui n’était pas celui de Karen a été retrouvé sur sa veste en cuir, et prélevé, tout comme des traces de sperme. Mais même améliorées, les techniques de la police scientifique n’ont pas permis dans les années suivantes de retrouver le coupable, car son ADN ne figurait pas dans les bases de données de la police, n’ayant jamais été arrêté.
Des affaires encore insolubles il y a 10 ans
Sauf que depuis l’avènement de la généalogie génétique médico-légale, qui a servi pour la première fois en 2018 à arrêter le Golden State Killer puis ne cesse depuis de permettre de résoudre d’anciens meurtres, les cold cases, comme on les appelle, tout a changé. «Beaucoup des cold cases sur lesquels nous travaillons actuellement étaient insolubles il y a 10 ans, tout simplement insolubles», a expliqué le procureur adjoint de Santa Clara qui a annoncé cette semaine que le meurtrier de Karen Stitt avait été identifié et arrêté.
Il y a 3 ans, le détective Hutchison s’est associé à un généalogiste et a fouillé les bases de données publiques où les gens enregistrent leur ADN pour tenter de retrouver des parents éloignés. Leurs recherches ont fini par réduire la liste des suspects à quatre frères. Puis, sur les réseaux sociaux, le détective a trouvé la fille de l’un d’eux et a pu prélever son ADN. La science a parlé, l’assassin ne pouvait être que son père. «Je voulais crier, mais je ne pouvais pas parce que je ne voulais pas réveiller l’hôtel, a déclaré le détective Hutchinson commentant le moment où il a reçu les résultats, Alors j’ai juste pris un moment pour réfléchir. J’ai jeté un rapide coup d’œil à la photo de Karen et je lui ai juste dit: «Nous l’avons fait», explique CBS.
Le 2 août, la police est allée arrêter Gary Ramirez à son domicile d’Hawaï. L’homme, aujourd’hui âgé de 75 ans, semblait si choqué de voir les forces de l’ordre à sa porte qu’il ne pouvait que répéter «Oh mon dieu!» L’un de ses frères a dit aux autorités qu’elles devaient se tromper de personne, que Gary ne pouvait faire de mal à une mouche et qu’il n’avait aucun antécédent de violence.
Ancien de l’armée de l’air
Gary Ramirez avait fait partie de l’armée de l’air au début des années 1970 puis habité dans de nombreux endroits, dont San Francisco. Son frère dit l’avoir perdu de vue au début des années 1980, soit à l’époque du meurtre de Karen, Gary avait alors 35 ans. Marié deux fois, il a accumulé les petits boulots, dont exterminateur d’insectes, avant de retourner vivre chez sa mère à la fin des années 1980. C’est alors que son frère lui a proposé de venir vivre à Hawaï où il a pris sa retraite il y a quelques années pour invalidité à cause d’un problème de hanche.
Même si la police a la correspondance de son ADN avec celui du sang retrouvé sur le blouson de Karen, elle continue à chercher d’autres preuves et témoignages qui confirmeraient la culpabilité de Gary Ramirez. Ce dernier est en prison à Hawaï, attendant d’être extradé vers la Californie. S’il est reconnu coupable d’enlèvement, de viol et de meurtre, il risque la prison à vie.