PhilippinesLe bilan du typhon Rai s’alourdit à 375 morts
Le typhon Rai a fait au moins 375 morts et 500 blessés lors de son passage sur l’archipel des Philippines entre jeudi et vendredi. Il est l’un des plus meurtriers à avoir frappé le pays ces dernières années.
Le bilan du typhon Rai, le plus puissant à frapper les Philippines cette année, s’est encore alourdi à au moins 375 morts et 56 disparus lundi, a annoncé la police nationale qui dénombre également 500 blessés. Des régions entières où les survivants ont besoin d’urgence d’eau potable et de nourriture ont été ravagées, tandis que plus de 380’000 personnes ont dû fuir leurs maisons et les zones côtières au passage du typhon jeudi.
La branche philippine de la Croix-Rouge a fait état d’un «carnage complet» au niveau des zones côtières. «Notre situation est tellement désespérée», se désole Ferry Asuncion, vendeur de rue dans la ville durement frappée de Surigao. Les populations ont besoin «d’eau potable et de nourriture», poursuit-il.
La tempête a arraché des toits, déraciné des arbres, renversé des poteaux électriques, démoli des maisons en bois et inondé des villages – rappelant le «super typhon» Haiyan qui s’était abattu sur l’archipel en 2013. Appelé Yolanda aux Philippines, Haiyan a été le cyclone le plus meurtrier jamais enregistré dans le pays, faisant plus de 7300 morts ou disparus.
L’une des îles les plus durement touchées par Rai est Bohol – connue notamment pour ses tarsiers, un primate endémique de l’archipel – où au moins 80 personnes sont décédées, a déclaré le gouverneur provincial Arthur Yap, qui actualise son propre bilan sur sa page Facebook.
«S.O.S»
Des destructions importantes ont également été enregistrées sur les îles de Siargao, Dinagat et Mindanao, les plus touchées jeudi lorsque la tempête a frappé le pays avec des vents de 195 kilomètres par heure. Au moins dix personnes sont mortes à Dinagat, a confirmé Jeffrey Crisostomo, le responsable presse de la province, à l’AFP dimanche.
Le signal de détresse «S.O.S» était peint sur une route de la ville touristique General Luna sur l’île de Siargao – où surfeurs et vacanciers ont afflué avant Noël -, les gens luttant pour trouver de l’eau et de la nourriture. «Il n’y a plus d’eau, nous avons une pénurie d’eau, le premier jour, il y avait déjà des pillages dans notre quartier», a raconté Marja O’Donnell, propriétaire d’un complexe hôtelier à Siargao, à CNN Philippines.
Les moyens de communication dans plusieurs parties des zones affectées ont été interrompus, rendant difficiles les efforts des secouristes pour évaluer l’étendue des dégâts. L’électricité est également hors service, affectant les stations de remplissage d’eau et les distributeurs automatiques de billets.
20 typhons chaque année
Des milliers de militaires, policiers, gardes-côtes et pompiers ont été déployés pour effectuer le travail de recherche et de sauvetage. Nourriture, eau et fournitures médicales ont été fournies, transportées par des navires garde-côtes. Du matériel pour dégager les routes bloquées par des poteaux électriques et arbres tombés a également été envoyé.
Mais certaines victimes expriment leur ressentiment à l’égard de la réponse gouvernementale à la catastrophe. «Personne ne se montre, je ne sais pas où sont les politiques et les candidats (aux élections de l’an prochain)», s’emporte Levi Lisondra, retraité de Surigao City, à l’extrémité nord de Mindanao. «On payait beaucoup de taxes quand on travaillait et maintenant ils ne peuvent pas nous aider», avance-t-elle.
Le président Rodrigo Duterte s’est rendu dans certaines zones affectées samedi et a promis un fonds d’aide de deux milliards de pesos (36,3 millions de francs). Rai est particulièrement tardif dans la saison. La plupart des cyclones tropicaux dans l’océan Pacifique se forment entre juillet et octobre.
Les scientifiques préviennent depuis longtemps que les typhons deviennent de plus en plus puissants à mesure que le réchauffement climatique s’accélère. Les Philippines, classées parmi les pays les plus exposés au changement climatique, sont balayées par près de 20 tempêtes tropicales ou typhons chaque année qui détruisent généralement récoltes, habitations et infrastructures dans des régions déjà pauvres.