FootballYoung Boys joue-t-il déjà sa saison contre Bâle?
Les Bernois, décrochés au classement, sont condamnés à l’emporter ce mercredi soir au Wankdorf (20 h 30), dans un match en retard sous tension.
- par
- Daniel Visentini
Peut-être que pour faire autorité depuis trop longtemps, une supériorité indiscutable exercée sans contradiction recèle en elle le germe de son propre déclin. Perversion fatale: à trop dominer, en vient-on à dominer moins? Ce Young Boys, quadruple champion consécutif de Suisse, avait pris l’habitude d’écraser la concurrence; il ne l’écrase plus. Il va jouer ce mercredi soir un match capital en pointant déjà à neuf longueurs du leader Zurich, à trois points de Bâle, l’adversaire de ce match en retard, ce mercredi soir au Wankdorf, une rencontre qui pèse lourd.
Ce YB qui n’est que quatrième du classement à la veille de la pause hivernale sait qu’il joue gros. Sa saison, déjà? On en parle avec Jean-Pierre Nsame, témoin privilégié à l’interne des questionnements bernois. L’ex-Servettien, qui a été victime d’une rupture du tendon d’Achille lors de la dernière journée de la saison passée (mi-mai), est désormais rétabli. Il s’entraîne déjà normalement avec le groupe. Mais il ne se sera pas sur le terrain ce mercredi soir contre Bâle. YB ne veut pas prendre le moindre risque. «Je peux comprendre, même si c’est frustrant pour moi», lance-t-il.
En revanche, même s’il n’a pas joué, il a vécu cette première moitié de saison aux côtés de ses coéquipiers. Alors oui, à l’analyse, beaucoup de choses sautent aux yeux: un YB moins dans l’intensité, moins solide derrière, moins puissant, moins tout, en fait. Jean-Pierre Nsame est-il d’accord, lui qui a vu tout ça depuis les tribunes et qui l’a partagé avec les siens?
Une perte d’identité
«Ce qui est sûr, c’est que la situation nous interroge, explique-t-il. Depuis quatre ans, nous n’avions pas connu ça. Nous étions champions d’automne et nous repartions après avec la même dynamique pour le titre. Mais là, nous sommes quatrièmes. Je crois que nous avons perdu un peu de ce qui faisait notre identité: l’agressivité, partout, l’intensité dans le jeu, oui. C’est peut-être inconscient. Peut-être que nous étions trop tranquilles, qu’on en a fait inconsciemment un peu moins, mentalement déjà. Alors oui, ça nous touche, ça ne nous plaît pas. Il faut réagir immédiatement.»
Il y a beaucoup d’explications qui accompagnent le diagnostic. YB a dû composer avec les blessures. De joueurs cadres. Celle de Nsame bien sûr, le meilleur buteur. Celle de Lustenberger au début de la saison, le capitaine. Celle du portier titulaire Von Ballmoos (son remplaçant Faivre est à la peine…). Celles de Zesiger, de Fassnacht et autres encore. Ajoutez la Ligue des champions et l’arrivée d’un nouvel entraîneur (David Wagner): même pour un solide champion, cela fait beaucoup de choses à gérer.
Autant dire que le choc du Wankdorf, ce mercredi soir, est déjà capital pour Young Boys. Si Bâle s’impose, il creuse un écart de six points avec les Bernois, qui resteraient également à neuf longueurs de Zurich. Et même deux points derrière Lugano. Un nul ne ferait pas avancer beaucoup les choses, même en étant moins grave qu’une défaite.
Prise de conscience générale
En réalité, YB semble condamné à gagner pour corriger le tir. Joue-t-il déjà sa saison, vraiment, lors de ce match en retard? On imagine que dans le vestiaire bernois, cela doit être préoccupant.
«On n’en parle pas beaucoup entre nous, mais je sais que tout le monde mesure l’importance de ce match contre Bâle. On entend certaines personnes de l’extérieur qui affirment que le titre est déjà en jeu. Franchement, c’est difficile de leur donner tort. Cela dit, le championnat est encore long, mais si nous ne gagnons pas ce mercredi, on se compliquera encore un peu plus la tâche, c’est vrai.»
Refaire peur aux autres
Au fond de lui, Jean-Pierre Nsame ne doute pas. Il ronge son frein. Il sait que ce YB, en délicatesse avec son jeu lors de cette première phase de championnat, peut redevenir, avec lui, avec les autres aussi, une machine qui fait peur.
«C’est ce qu’on a perdu, lance-t-il. Avant, les équipes subissaient sous notre pressing et elles savaient qu’elles allaient craquer. Et nous aussi, nous savions qu’elles le savaient. Et cela arrivait. Nous devons inspirer à nouveau de la crainte. En faire plus. Nous en avons toujours les moyens.»
Nsame regardera le choc YB – Bâle depuis les tribunes du Wankdorf. Un match comme point de départ d’une remontée pour les Bernois? Réponse ce mercredi soir à Berne.