HFR, IMAX, 3D, 4K… Comment (re)voir «Avatar: la voie de l’eau»?

Publié

CinémaHFR, IMAX, 3D, 4K… Comment (re)voir «Avatar: la voie de l’eau»?

Le film de James Cameron est à l’affiche avec un nombre record de versions différentes. On vous aide à opter pour l’expérience la plus immersive.

Christophe Pinol
par
Christophe Pinol
Beaucoup ont donc déjà succombé aux splendeurs immersives de la planète Pandora.

Beaucoup ont donc déjà succombé aux splendeurs immersives de la planète Pandora.

20th Century Studios

Selon les chiffres fournis par Disney à l’issue de son premier week-end d’exploitation, «Avatar: la voie de l’eau» a déjà engrangé 2,9 millions de francs sur le territoire suisse. Un succès mérité pour un spectacle hors-norme, à la puissance visuelle et émotionnelle assez folle.

Beaucoup ont donc déjà succombé aux splendeurs immersives de la planète Pandora. Certains pensent peut-être même à y retourner, tandis que d’autres s’apprêtent à effectuer leur première virée. Mais attention, les options de voyage sont nombreuses. Le film de James Cameron est en effet présenté en une myriade de versions – IMAX, HFR, 4K, 3D, ScreenX, 4DX, Cinity… –, chacune procurant sa petite immersion bien spécifique.

Comme le fut Stanley Kubrick, le cinéaste canadien est un féru de technologie et un perfectionniste qui porte une attention toute particulière à la façon dont sont projetés ses films. Kubrick avait une équipe chargée de parcourir les différentes salles de la planète pour vérifier leurs conditions de projections et on raconte qu’il en est de même avec Cameron. Pour accompagner la sortie de son dernier film, celui-ci vient en tout cas d’envoyer un document aux exploitants de salles programmant son film, leur rappelant qu’ils constituent le dernier maillon de la chaîne et que le succès de ce second «Avatar» dépend maintenant de la qualité de leur travail. Car après tant d’années passées à la conception du film, le cinéaste entend bien le proposer aux spectateurs dans le plus bel écrin possible.

La lettre envoyée par James Cameron aux exploitants de salle(s).

La lettre envoyée par James Cameron aux exploitants de salle(s).

dr

Du côté des exploitants, le film est attendu comme le messie. Il est censé faire enfin revenir les spectateurs en masse dans les salles et celles-ci n’hésitent pas à promettre monts et merveilles pour les attirer, à coup de HFR, d’IMAX, de 3D ou des trois à la fois. Le tout avec des tarifs s’échelonnant entre CH 19.90 (chez Arena) à 30.90 (pour l’IMAX chez Pathé), selon le type de séance. Le problème, c’est que les promesses ne sont pas toujours tenues et que les projections sont parfois loin d’être optimales.

D’où un vrai casse-tête pour identifier la meilleure façon de (re) voir «Avatar: la voie de l’eau»…

IMAX

L’IMAX, c’est avant un format particulier (avec un rapport d’image de 1.90:1), plus proche du carré que l’habituel scope des superproductions hollywoodiennes (2.35:1). Lorsque le film est tourné dans ce format, il offre d’ailleurs un surplus d’image en haut et en bas de l’écran. Les caméras sont également dotées d’une meilleure résolution et permettent donc de projeter des images mieux définies sur des écrans plus grands que la moyenne. Certaines salles sont équipées de doubles projecteurs laser 4K, comme le Kino Cine Bubenberg, à Berne, mais la seule en Romandie, celle du Pathé Balexert à Genève, fonctionne avec deux projecteurs Xénon 2K. Un système qui perd en luminosité au fil des ans et implique donc de régulièrement changer la lampe. Celle du Pathé Balexert se faisait sacrément vieille et après de nombreuses plaintes des spectateurs, Pathé vient enfin de la changer, 6 jours après la sortie du film (!).

La version IMAX d’«Avatar: la voie de l’eau» est couplée à la 3D mais on a noté un souci propre à la version originale: des sous-titres énormes, deux ou trois fois la taille habituelle. Et quand ils s’étalent parfois sur 4 lignes (2 de français et 2 d’allemand), ça fait beaucoup. D’autant plus que la 3D oblige de les déplacer à l’écran pour éviter de les superposer à des éléments trop en relief et on les retrouve parfois en plein milieu de l’image. Gênant.

3D

En 2009, la plupart des cinémas avaient troqué leurs mythiques bobines 35 mm pour des projecteurs numériques capables d’afficher la 3D «révolutionnaire» d’«Avatar», premier du nom. La technologie avait rapidement suscité un vrai engouement auprès du public mais depuis, après quantité de 3D souvent bâclées, converties en postproduction après un tournage 2D, le désintérêt des spectateurs s’était fait croissant. James Cameron revient toutefois aujourd’hui en force avec un deuxième volet doté d’une 3D – native, comme le premier – éblouissante et totalement immersive.

Le problème c’est qu’on a encore besoin de lunettes, malgré ce qu’annonçait le cinéaste en 2017, qui espérait pouvoir sortir cette suite avec une technologie permettant de s’en passer. Les lunettes passives (les plus légères, que l’on ramène à la maison) se sont aujourd’hui généralisées mais on trouve parfois encore le système actif (plus efficace, avec ses panneaux à cristaux liquides qui s’ouvrent et se ferment pour chaque œil). Il faut toutefois savoir que quel que soit le système, les verres retiennent une partie de la lumière et dénaturent donc aussi bien la luminosité du film que ses couleurs.

HFR

C’est l’une des attractions de ce deuxième volet: le High Frame Rate (HFR), soit une augmentation de la cadence de défilement d’images. Si depuis l’arrivée du cinéma parlant, le nombre d’images par seconde a été fixé à 24, certains cinéastes ont récemment voulu aller plus loin, en grimpant à 48 ou même 120 i/s pour accentuer la fluidité de l’image en supprimant notamment le flou de mouvement. En résulte un hyperréalisme assez étonnant mais qui donne aussi à la production des airs de téléfilm tourné en vidéo et qui avait provoqué un rejet d’une bonne partie des spectateurs. Conscient de la problématique, James Cameron a innové en proposant son film à une cadence variable: certaines scènes sont projetées à 48 i/s (principalement les séquences sous-marines et d’action) et les autres restent à 24 i/s pour ne pas heurter les réfractaires. Pour notre part, on avoue ne pas être fan de la technologie qui donne cette fois au film, avec des personnages majoritairement numériques, des airs de mauvais jeu vidéo. Mais après tout, peut-être n’est-ce qu’une question d’habitude, comme certains aficionados nous le soufflent à l’oreille.

Après, toutes les salles n’ont pas encore trouvé leurs marques avec cette innovation et durant la première semaine d’exploitation, certaines ont annoncé une projection HFR alors qu’il s’agissait en réalité du classique 24 i/s. C’était le cas dans les salles Pathé de Lausanne et de Genève, ainsi qu’au Ciné 17, également à Genève. Mais depuis, le tir semble avoir été corrigé. Le Ciné 17 n’a plus de HFR au programme et Pathé diffuse enfin le film conformément à ses annonces. Moralité: toujours rester vigilant!

Cinity

C’est la toute dernière technologie en date, le dernier cri en termes de projection. Elle combine non seulement le 4K, la 3D et le HFR, mais également le HDR (qui permet d’afficher des écarts de luminosité plus marqués entre les parties plus sombres et plus claires de l’image) ainsi qu’une projection laser. Seules trois salles en sont équipées en Europe, dont deux en Suisse: l’une au Cinéma Arena de Genève, l’autre à celui de Zurich (la dernière étant située à Aachen, en Allemagne). «Une expérience proche de ce que perçoit l’œil humain», proclame le communiqué de presse… En réalité, la projection à Genève est effectivement belle, claire et précise, mais sans être renversante. Ni sensiblement meilleure, d’ailleurs, que celle de l’Empire, toujours au bout du lac, qui nous a bluffé avec un «simple» HFR 3D mais d’une luminosité exemplaire.

4DX

Développée par une société coréenne, la technologie se la joue «parc d’attractions» avec ses sièges qui bougent en fonction de ce qui se passe à l’écran, ses effets stroboscopiques, ses projections de vapeur d’eau, de souffle d’air et autres vibrations de sièges. Les effets sont censés accroître l’effet d’immersion (le film est projeté en 3D) mais pour nous, tout semble trop artificiel et le moindre effet a plutôt tendance à nous sortir du film. Probablement parce qu’à de rares exceptions près (notamment pour des films coréens), la production du film n’est jamais impliquée dans le processus. Mais peut-être est-ce là aussi une question d’habitude? Les enfants, en tout, en raffolent en général.

ScreenX

Créé par la même société que pour le 4DX, le ScreenX tente lui aussi d’accentuer l’immersion du spectateur. Cette fois en «étendant» la surface de l’écran sur les côtés de la salle avec des images produites spécialement pour l’occasion. Des projecteurs sont positionnés sur les murs latéraux pour afficher une image sur la paroi opposée et en ayant les yeux braqués sur l’écran principal, on aperçoit du coin de l’œil ces images supplémentaires.

Réalisées par la société coréenne, sur la base d’éléments fournis par la production du film, elles offrent une qualité assez pauvre mais ne sont pas faites pour être regardées directement. Seules quelques séquences du film exploitent toutefois le système et elles sont en fin de compte assez rares. Sans compter que les écrans latéraux ont aussi tendance à renvoyer une lumière parasite sur l’écran central (projection en classique 2D), le rendant ainsi un peu terne.

2D

On conclut ce tour d’horizon avec la projection de papa, la classique, sans fioriture. Certaines sont en définition standard, d’autres en 4K. Et pour certains puristes (on avoue en faire partie), cette dernière – la 4K – pourrait bien constituer le choix de visionnement le plus judicieux. Elle offre en effet non seulement une résolution optimale mais surtout une image dont la luminosité, la colorimétrie et le contraste définis par le réalisateur et son directeur de la photo ne se retrouvent pas altérés par le port de lunettes 3D.

Après, c’est aussi celle que l’on aura le plus de facilité à reproduire à la maison, une fois le film sorti sur les plateformes de streaming ou en vidéo. À vous de voir si vous préférez privilégier une technologie propre au cinéma…

Ton opinion

4 commentaires