KenyaDuel serré pour la présidence, les appels à l’unité se multiplient
Dimanche matin, le vice-président sortant William Ruto menait de peu avec 51,25% des voix, contre 48,09% pour la figure de l’opposition Raila Odinga.
Les appels à la paix et à l’unité ont résonné dimanche à travers le Kenya, plongé dans l’interminable attente des résultats de la présidentielle du 9 août qui apparaît particulièrement serrée, selon des résultats officiels partiels.
«Ne créez pas de chaos»
Dimanche matin, selon le décompte de la Commission électorale (IEBC) sur près de la moitié des bureaux de vote, le vice-président William Ruto menait ce coude-à-coude avec 51,25% des voix, contre 48,09% pour Raila Odinga, figure historique de l’opposition aujourd’hui soutenue par le président sortant, Uhuru Kenyatta. L’IEBC a ensuite coupé la diffusion en direct des résultats, sans donner d’explication.
Depuis leur vote de mardi, les Kényans retiennent leur souffle devant ce duel présidentiel qui pourrait être l’un des plus serrés de l’histoire du pays. Leur patience est unanimement saluée dans un pays qui a connu ces dernières décennies plusieurs épisodes de tensions et violences postélectorales, parfois sanglantes. Dimanche, William Ruto et Raila Odinga se sont rendus dans des églises de la capitale Nairobi. Chemise blanche et veste légère, William Ruto s’est montré serein, et n’a fait aucune déclaration. Raila Odinga, vêtu d’une tunique bleue, sa couleur de campagne, a, lui, paraphrasé une prière de saint François: «Je veux devenir un instrument pour apporter la paix, guérir, unir et garder l’espoir vivant dans notre pays.»
Ailleurs, les offices dominicaux, très fréquentés dans ce pays religieux, ont été l’occasion d’appels à la responsabilité. À l’annonce des résultats, «ne créez pas de problèmes ou de chaos, mais priez pour le nouveau président que Dieu nous a donné», a lancé l’évêque Washington Ogonyo Ngede devant 300 fidèles réunis à Kisumu, fief d’Odinga dans l’ouest du pays. «Les dirigeants vont et viennent, mais le Kenya vit pour toujours», a ajouté cet ami de longue date de la famille Odinga.
«Un Kenya en paix»
À Eldoret, bastion de Ruto dans la vallée du Rift, l’évêque du diocèse catholique Dominic Kimengich a également appelé au calme, exhortant les hommes politiques à être «très prudents dans leurs propos». «Nous avons connu cela en tant que Kényans, nous savons que toute remarque imprudente (…) peut facilement déclencher un conflit», a-t-il déclaré à l’AFP avant une messe dans la paroisse de Yamumbi. Il a demandé aux responsables politiques d’«accepter la volonté du peuple» exprimée dans les urnes. Présente à cet office, Mary Wanjiru, 59 ans, a également dit «prier pour qu’il n’y ait pas de violence»: «Nous voulons un Kenya en paix.»
En écho au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, samedi sur Twitter, une quinzaine d’ONG et de syndicats, dont Amnesty International, ont appelé dimanche «à la patience». «Nous applaudissons les Kényans pour leur conduite pacifique pendant les élections et appelons au calme pendant que les résultats sont vérifiés», ont-ils déclaré dans un communiqué. «Nous demandons aux candidats, à leurs partisans et au public à faire preuve de retenue», ont-ils ajouté. Quelque 22,1 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes mardi pour désigner le successeur du président Uhuru Kenyatta, ainsi que leurs gouverneurs, parlementaires et élus locaux.