Hockey sur glaceAu Lausanne HC, les têtes sont libérées
Les Lions ont battu Lugano (4-0) mardi soir à la Vaudoise aréna. Joël Genazzi, auteur d’un doublé, et ses partenaires ont travaillé mentalement pour retrouver leur vrai niveau à l’heure d’entamer le sprint final.
- par
- Chris Geiger Lausanne
La dernière sortie du Lausanne HC avant la trêve internationale s’était soldée par un revers frustrant (2-1 ap) sur la glace du HC Ajoie, la lanterne rouge de National League. Dix jours plus tard, pour le premier de ses huit rendez-vous du sprint final, la formation vaudoise a balayé les doutes induits par cette défaite à Porrentruy en disposant, sans coup férir, d’un HC Lugano bien pâlot (4-0).
Pourtant, l’équipe tessinoise, dixième du classement et adversaire direct des Lions dans la course aux pré-play-off, s’était déplacée lundi déjà dans la capitale olympique, preuve de l’importance de la partie. Des précautions qui n’ont pas suffi puisque les Bianconeri ont concédé l’ouverture du score – qui s’est finalement relevée être décisive – après 220 secondes de jeu seulement.
Car Joël Genazzi, l’homme du match, et ses partenaires ont utilisé les mêmes ingrédients que lors de leur série de cinq victoires obtenues avant la pause des équipes nationales: sérieux, discipline, compacité et efficacité. À défaut d’être géniale et emballante, cette recette fonctionne et rapporte des points – du moins depuis la mi-janvier et la double confrontation victorieuse contre Langnau.
«Avec cette tactique, on essaie avant tout de protéger le milieu de la glace et notre gardien, détaille le défenseur de 35 ans. On ne veut pas donner de chances à nos adversaires depuis le slot. Ce n’est effectivement pas le jeu le plus beau, mais ce n’est pas ce qu’on va retenir à la fin de la saison. Je suis très fier de l’équipe et de la manière dont on a joué.»
Système assimilé
Car, face à Lugano, les Lions ont parfaitement respecté le plan de match prôné par Geoff Ward. Ils n’ont ainsi accordé que 28 tirs cadrés aux Tessinois, mais très peu ont véritablement fait passer des sueurs froides aux spectateurs de la Vaudoise aréna. Et lorsqu’il y a eu un véritable danger, Eetu Laurikainen a mis son véto.
La présence du portier finlandais semble d’ailleurs être rassurante pour ses coéquipiers. Ces derniers patinent de manière plus libérée depuis quelques sorties désormais. «Quand tu gagnes des matches, indirectement tu prends confiance, constate Aurélien Marti. Tu essaies peut-être plus de choses et tu as aussi peut-être plus de réussite. C’est ce qui nous avait fait défaut depuis le début de la saison. On était un peu fébriles et les résultats n’étaient pas bons. Il y a aussi eu pas mal de changements. J’ai l’impression qu’on a désormais su assimiler le système de Geoff. On croit à son projet et, aujourd’hui, ça porte ses fruits.»
Pour chasser les mauvais esprits et pour permettre à ses joueurs de retrouver confiance, le club de Malley a fait appel à des spécialistes de la psychologie humaine. Impulsée par l’entraîneur canadien, cette méthode a été bien accueille par le vestiaire du LHC.
«On travaille sur l’aspect mental et l’esprit d’équipe, reprend Joël Genazzi. Parfois, il y a des choses qui vont contre nous, que ce soient des décisions arbitrales ou des pucks qui sautent pour l’adversaire. Au début de saison, peut-être qu’on s’énervait trop contre les arbitres ou les situations qu’on ne pouvait pas contrôler. Désormais, on reste calmes et dans nos matches. Le coach nous donne beaucoup d’informations sur l’aspect mental. On a également un coach mental. On a pris conscience de notre situation depuis quelques semaines déjà.»
Montée en puissance
Le renouveau des Lions coïncide d’ailleurs avec la montée en puissance du joueur au No 79. Ce dernier, dont il est attendu qu’il soit l’un des leaders de l’équipe, est de plus en plus incisif et décisif pour ses couleurs. Auteur des deux premières réussites lausannoises mardi soir, l’ex-international suisse a désormais inscrit sept points (quatre buts, trois assists) au cours de ses huit dernières apparitions.
«En début de saison, je n’avais vraiment pas de chance, tempère-t-il. J’en ai désormais bien plus. Mais avec mon expérience, je savais qu’il fallait juste continuer à shooter et qu’un jour ça allait rentrer. Ça a été le cas ce soir (ndlr: mardi). Je suis content d’être toujours resté calme et de ne pas avoir paniqué. J’ai toujours essayé de montrer l’exemple, mais je n’avais parfois pas de chance. À l’image de deux ou trois autres leaders au sein de l’équipe, je sais toutefois quand ça compte vraiment. Et c’est davantage maintenant qu’en début de saison. À moi de prendre mes responsabilités.»
L’état d’esprit affiché par le routinier de l’équipe – au club depuis 2013 – depuis plusieurs parties semble particulièrement plaire au coaching-staff vaudois. Son dépassement de fonctions contre Lugano, qui a totalement fait oublier l’absence pour maladie de Martin Gernat, aussi. «Il monte en puissance comme le prouvent ses deux gros buts, apprécie Geoff Ward. On a besoin de ce genre de choses quand on perd des joueurs. On a besoin que d’autres prennent leurs responsabilités.»
L’autre principal motif de satisfaction que le technicien ontarien a tenu à mettre en avant est le changement de mentalité de son groupe. «On a traversé beaucoup de choses cette année avec tous ces changements, rappelle-t-il. Tout cela a certainement affecté les joueurs à certains moments. Mais je pense que notre plus grande réussite est qu’on a été en mesure de tirer des enseignements de toutes nos défaites et de toutes nos victoires. Les gars ont été mis à l'épreuve, mais ils ont désormais confiance en notre processus.»
Ce dernier va devoir permettre à Lausanne de décrocher une quinzaine de points au cours de ses sept dernières sorties s’il entend accrocher la 10e place synonyme de pré-play-off.