Banques : Les scénarios possibles pour la restructuration de Credit Suisse 

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BanquesLes scénarios possibles pour la restructuration de Credit Suisse

Le No 2 bancaire helvétique doit présenter le 27 octobre, son plan stratégique pour redresser une maison secouée par les scandales. 

Le No 2 bancaire helvétique traverse une période compliquée.

Le No 2 bancaire helvétique traverse une période compliquée. 

REUTERS

Ébranlé par une série de scandales et alors que sa valeur en Bourse a été divisée par trois en un an et demi, Credit Suisse n’a pour l’instant rien laissé filtrer de ses projets que la banque dévoilera le 27 octobre. Mais son silence fait gonfler les rumeurs, le No2 bancaire helvétique faisant partie des trente grandes banques mondiales considérées comme trop grosses pour les laisser faire faillite. Inquiets, les investisseurs multiplient les scénarios.

Augmentation de capital ou cessions d’actifs?

Les rumeurs portent surtout sur une augmentation de capital. Selon Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, une levée de fonds devient «de plus en plus probable», a-t-il indiqué dans une note, l’évaluant à 4 milliards de francs. Mais les investisseurs craignent une importante dilution, l’action ayant perdu quelque 70% de sa valeur depuis la faillite, en mars 2021, de la société financière britannique Greensill, qui avait marqué le début de ses déboires.

Pour Carlo Lombardini, avocat et professeur de droit bancaire à l’université de Lausanne, une augmentation de capital aura un goût «un peu saumâtre» pour les actionnaires, «mais ils n’ont probablement pas le choix», a-t-il confié à l’AFP. La banque va devoir «couper dans le vif», ce qui implique «probablement de redemander des fonds propres aux actionnaires» pour financer les licenciements et frais de restructurations, selon lui.

«Choix cornélien»

L’autre option serait de vendre des actifs, tels que les produits titrisés que la banque est en train de soupeser. «C’est un choix cornélien», a reconnu David Benamou, directeur des investissements chez Axiom Alternative Investments, lors d’un entretien avec l’AFP, les revenus futurs de la banque risquant d’en pâtir. L’an passé, ces produits structurés – qui permettent de transformer des actifs peu liquides en titres pouvant être vendus sur les marchés financiers – faisaient partie des activités qui avaient limité la chute des revenus dans la banque d’investissement.

«Les conditions de marché sont tendues et un vendeur forcé n’obtient généralement pas un prix favorable», souligne aussi David Benamou. Des cessions permettraient néanmoins à la banque de «gagner du temps jusqu’à ce que l’action se redresse», observent les analystes de Jefferies dans une note, lui permettant d’augmenter son capital plus tard, dans des conditions «plus acceptables». 

Cible d’acquisition

En Bourse, la multiplication des rumeurs a fait vaciller le cours de son action qui a touché, lundi, un plus bas historique à 3,518 francs. Le titre a depuis rebondi, suggérant que les marchés veulent donner «une chance à Credit Suisse de préparer un projet solide», a indiqué Ipek Ozkardesk, analyste chez Swissquote Bank, à l’AFP.

Lundi, sa capitalisation boursière avait fondu à 10 milliards de francs, le directeur des investissements d’Axiom remarquant que la banque devient «une cible très attractive pour des banques qui souhaiteraient acheter une belle franchise en gestion de fortune», un des points forts de Credit Suisse. «Des banques comme BNP Paribas, qui a un trésor de guerre après avoir vendu Bank of the West, doivent probablement se poser la question», suppute-t-il. Le géant bancaire français a cédé cette filiale pour 16,3 milliards de dollars.

Selon lui, la banque suisse a toutefois les moyens de rester indépendante et un rachat par le géant bancaire français ou une autre banque se heurterait certainement à des questions politiques. «Pour les Suisses, je pense que Credit Suisse doit rester suisse», nuance David Benamou. Contactée par l’AFP, BNP Paribas n’a pas souhaité faire de commentaire.

Scénario du pire

Lundi, les discussions se sont enflammées sur Twitter au point de parler d’un «moment Lehman Brothers», la banque américaine dont la faillite avait été le déclencheur de la crise financière de 2008. Les analystes ont rapidement balayé ces rumeurs, rappelant que la banque dispose de solides fonds propres et que la Suisse ne laisserait pas cette banque d’importance systémique faire faillite. En 2008, la Confédération avait volé au secours de sa concurrente UBS, en mettant en place avec la banque centrale un fonds destiné à liquider ses actifs toxiques. 

Fonds propres

Pour l’instant, une intervention de Berne reste cependant une hypothèse «farfelue», juge David Benamou, compte tenu des liquidités que les grandes banques doivent mettre de côté suite aux réformes du secteur bancaire, depuis la crise financière. Son ratio de fonds propres durs (CET1), qui mesure les sommes à mettre de côté pour tenir le choc en cas de crise, se situait fin juin à 13,5%, soit très légèrement moins que HSBC Holdings mais davantage que BNP Paribas, les plus grandes banques en Europe.

Leçons de 2008

Ce ratio de capital qui permet de faire face à des pertes inattendues s’est «fortement renforcé» après la crise de 2008, assure le responsable de l’équipe banque Paris de l’agence de notation Moody’s Alain Laurin, et la manière de le calculer a été amendée dans un sens plus restrictif.

L’Autorité bancaire européenne soumet aussi cinquante grandes banques du continent à des tests de résistance. Les résultats du dernier exercice, publiés fin juillet 2021 montraient que les établissements étaient bien en mesure d’encaisser sans trop de casse une grave crise économique. 

Credit Suisse «reste solide»

Les experts contactés par l’AFP se veulent pour l’instant rassurants. Premièrement, Credit suisse «reste un établissement financier solide», affirme Guillaume Larmaraud, associé en charge des services financiers chez Colombus Consulting. Ensuite, même en cas de crise, «la solidité financière des banques est extrêmement forte, les leçons de 2008 ont été bien apprises», estime auprès de l’AFP Vanessa Holtz, responsable pour la France de Bank of America.

En cas de défaillance d’un acteur bancaire, le continent européen «dispose désormais d’un cadre» pour le sortir de l’ornière, quelle que soit sa taille, complétait en février la présidente de la banque espagnole Santander Ana Botín, aussi présidente du lobby européen des banques.

Actionnaires à la caisse

Et si, en ultime recours, les gouvernements étaient tentés de sortir le portefeuille pour sauver un établissement, contrairement à la situation d’avant 2008, un cadre prévoit dans un premier temps de faire payer les actionnaires ou les plus gros créanciers. Les banques cotisent également à un fonds européen qui doit éviter de présenter une facture trop lourde aux contribuables.

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(AFP)

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