MaliAccusés d’être des «mercenaires», 49 militaires ivoiriens inculpés et écroués
Les soldats sont poursuivis pour «tentative d’atteinte à la sûreté de l’état». Abidjan assure de son côté que ses militaires étaient en mission pour l’ONU, et exige leur libération.
Les 49 soldats ivoiriens détenus depuis plus d’un mois à Bamako et accusés par les militaires au pouvoir au Mali d’être des «mercenaires», ce que nie Abidjan, ont été inculpés pour «tentative d’atteinte à la sûreté de l’état» et écroués, a appris dimanche l’AFP de plusieurs sources judiciaires.
«Mis sous mandat de dépôt»
«Les 49 militaires ivoiriens ont été inculpés vendredi pour «tentative d’atteinte à la sûreté de l’état» et mis sous mandat de dépôt», a déclaré à l’AFP une source judiciaire malienne proche du dossier. Un proche collaborateur du procureur a confirmé l’information à l’AFP.
Abidjan assure que ces soldats étaient en mission pour l’ONU, dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma) et exige leur libération. «Les 49 militaires sont effectivement inculpés et mis sous mandat de dépôt », a déclaré de son côté à l’AFP un responsable du ministère de la Justice.
«Les négociations vont continuer»
La négociation semblait pour l’instant la voie privilégiée pour obtenir la libération de ces 49 soldats arrêtés le 10 juillet à leur arrivée à l’aéroport de Bamako. Le Togo joue le rôle de médiateur entre la Côte d’Ivoire et le Mali, mais de premières négociations, le 28 juillet à Lomé, n’ont pas permis d’enregistrer de progrès. Selon une source proche des discussions engagées sous l’égide du Togo, «les discussions pourtant avancées ont buté sur certains points, ce qui peut expliquer ce retour judiciaire en force dans le dossier». «La justice va continuer son travail, mais les négociations vont continuer aussi», a-t-il ajouté.
Tensions entre les deux pays
Cette affaire illustre les tensions entre le Mali et la Côte d’Ivoire, accusée par Bamako d’avoir incité ses partenaires ouest-africains à durcir les sanctions contre les militaires maliens auteurs de deux coups d’Etat depuis 2020, sanctions finalement levées début juillet.
Manifestation au Mali pour accélérer le départ de l’armée française
Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté dimanche dans une ville du nord du Mali pour accélérer le départ de la force militaire française Barkhane, ont indiqué des organisateurs et des élus locaux à l’AFP.
«Nous donnons à compter de ce jour dimanche 14 août 2022 un ultimatum de 72H pour le départ définitif de Barkhane», ont déclaré des manifestants se présentant comme «les forces vives» de Gao, une ville située dans le nord du pays, en proie aux violences jihadistes.
Gao abrite aussi les derniers militaires français présents au Mali, en partance pour le Niger.
Les rapports entre la junte au pouvoir à Bamako et Paris, ancienne puissance coloniale, se sont brutalement dégradés ces derniers mois, poussant les deux pays à la rupture après neuf ans de présence française ininterrompue pour lutter contre les jihadistes.