Afrique – En Centrafrique, la garde présidentielle ouvre le feu sur des casques bleus

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À Bangui, la garde présidentielle a ouvert le feu sur un bus mardi, faisant dix blessés parmi des Casques bleus égyptiens non armés de la Minusca.

Les Égyptiens étaient arrivés à l’aéroport de Bangui dans le cadre de la rotation périodique des troupes. (Image d’illustration)

Les Égyptiens étaient arrivés à l’aéroport de Bangui dans le cadre de la rotation périodique des troupes. (Image d’illustration)

AFP

Dix Casques bleus égyptiens non armés de la Mission des Nations Unies en Centrafrique (Minusca) ont été blessés lundi par la garde présidentielle qui a ouvert le feu sur leur bus à Bangui, a déploré mardi l’ONU qui condamne «une attaque délibérée et inqualifiable».

Les services du président Faustin-Archange Touadéra ont en retour accusé les militaires égyptiens d’avoir pris des photos de la résidence du chef de l’État, ce qui est interdit, et d’avoir refusé d’arrêter leur véhicule. Une fille de 12 ans a été heurtée par le minibus et tuée «dans leur fuite», selon la présidence.

«Les éléments de l’Unité de Police Constituée égyptienne», qui circulaient dans un bus, «ont essuyé des tirs nourris de la garde présidentielle sans sommation préalable ni riposte aucune, alors qu’ils n’étaient pas armés», a assuré l’ONU dans un communiqué. Deux d’entre eux ont été grièvement blessés.

Guerre civile sanglante

Classée deuxième pays le moins développé au monde par l’ONU, la Centrafrique a été plongée dans une guerre civile sanglante après un coup d’État en 2013. Ce conflit perdure mais a considérablement baissé d’intensité depuis trois ans, même si des pans entiers de territoires continuent d’échapper au pouvoir central.

La Minusca, déployée dès 2014 et dont le mandat vient à échéance le 15 novembre, compte près de 12’000 militaires et représente une des opérations de maintien de la paix les plus coûteuses de l’ONU avec un budget annuel dépassant le milliard de dollars.

Les Égyptiens étaient arrivés à l’aéroport de Bangui dans le cadre de la rotation périodique des troupes. Ils se dirigeaient vers leur base dans des bus clairement identifiés «avec les initiales UN», selon Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca.

Bus identifié

Trois des quatre bus de ce contingent sont entrés dans la base égyptienne à 500 mètres de la résidence de Faustin-Archange Touadéra, a assuré à l’AFP Albert Yaloké Mokpeme, porte-parole de la présidence. «Mais le quatrième continue pour remonter jusqu’au niveau de la résidence du chef de l’État», selon lui. La Garde présidentielle leur «fait signe de faire demi-tour», ce qu’ils font, mais l’un des passagers «sort son appareil photo et fait des photos de la résidence du chef de l’État, ce qui est formellement interdit», a ajouté le porte-parole.

«Après le refus d’obtempérer, la Garde a fait des tirs de sommation et il se trouve que ces tirs ont fait des blessés», a poursuivi Albert Yaloké Mokpeme, accusant le chauffeur du véhicule d’avoir «mortellement heurté une jeune fille de 12 ans (…) dans leur fuite». En quittant la zone après les tirs le bus «a heurté une femme qui a perdu la vie», selon la Minusca. «Le communiqué (de la Minusca) parle finalement d’une attaque de la Garde présidentielle, de tirs sans sommation, (…) je suis désagréablement surpris. À quoi joue la Minusca?» s’est insurgé Albert Yaloké Mokpeme.

Mi-octobre, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait dénoncé «des incidents hostiles» ciblant des Casques bleus et impliquant «des forces de défense et de sécurité déployées bilatéralement» qui se poursuivaient à «un niveau inacceptable». Antonio Guterres avait réclamé à Bangui «des mesures concrètes» pour mettre un terme à ces actes «susceptibles de constituer des crimes de guerre».

«Graves violations»

Sept attaques visant des membres de la Minusca et 18 cas de harcèlement routier par les forces de sécurité nationale ont notamment été enregistrés par l’ONU entre le 1er juin et le 1er octobre. Faustin-Archange Touadéra a décrété le 15 octobre un «cessez-le-feu unilatéral» de son armée et ses alliés --paramilitaires russes notamment-- dans leur guerre contre les rebelles pour favoriser l’ouverture prochaine d’un dialogue national.

En décembre 2020, une partie des groupes armés qui occupaient alors plus des deux tiers du pays avaient lancé une offensive pour empêcher la réélection de Faustin-Archange Touadéra. Celui-ci avait sollicité Moscou et Kigali, qui avaient dépêché des centaines de paramilitaires russes et de soldats rwandais à la rescousse d’une armée centrafricaine démunie.

Grâce essentiellement au soutien des Russes et des Rwandais, elle a, depuis, reconquis toutes les grandes villes et repoussé les rebelles dans les forêts. Mais ces derniers multiplient les attaques furtives ces dernières semaines, loin de la capitale Bangui.

(AFP)

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