FootballPhilippe Perret avant YS – Xamax: «Il faut s’attendre à un derby équilibré»
Ancien joueur de NE Xamax aujourd’hui coach des M16 à la Maladière, Philippe Perret, qui a aussi été entraîneur d’Yverdon, s’exprime sur la confrontation de ce samedi au Stade Municipal.
- par
- Christian Maillard
Comme joueur, il n’a connu qu’un club: NE Xamax. Cinq cent quarante matches avec les «rouge et noir», Coupe d’Europe comprise, c’est un record dans notre pays. Philippe Perret, dit «Petchon», est toujours là, fidèle à la Maladière, là où il a tellement de bons souvenirs. Ce vrai clubiste comme on n’en fait plus s’occupe aujourd’hui des moins de 16 ans où il côtoie la première équipe. «On sent que le climat est beaucoup plus serein que la saison dernière», se réjouit l’enseignant qui a continué sa profession.
Comme entraîneur, le Neuchâtelois de La Sagne, qui fêtera ses 60 ans le 17 octobre prochain, avait aussi collaboré en son temps avec Yverdon, alors en LNA. Il avait même eu l’honneur, en 2001, d’emmener son groupe jusqu’en finale de la Coupe de Suisse, à Bâle, où le Servette FC d’un certain Lucien Favre qu’il avait remplacé douze mois plus tôt était beaucoup trop fort ce jour-là (victoire servettienne 3-0).
C’est aussi dans le Nord vaudois qu’il a vécu son premier licenciement après la relégation des Verts en LNB. Et une deuxième, seize ans plus tard, après avoir travaillé et beaucoup appris à Fribourg (deux fois), à La Chaux-de-Fonds, Serrières et Bienne.
C’est donc dans ce Stade Municipal qu’il connaît bien, que «son» Xamax, celui dirigé par Andrea Binotto, se rend ce samedi (coup d’envoi à 18 h) pour cet autre derby du Lac. Un match forcément spécial pour l’ancien international.
Philippe Perret, ce derby entre NE Xamax et Yverdon, deux équipes que vous connaissez bien, cela vous inspire quoi? C’est un peu le derby des extrêmes entre des Neuchâtelois qui sont bien partis avec 3 matches neuf points et des Vaudois qui n’ont toujours pas décollé?
Non, je ne pense pas qu’on puisse le définir ainsi, car les coaches le disent bien: on n’en est qu’au début de ce championnat. C’est un peu trop tôt d’affirmer après trois matches seulement que NE Xamax est une équipe de haut de classement et Yverdon de bas de tableau. Il y a eu des changements de part et d’autre.
Quelle est la différence entre ces deux équipes?
La grande différence, c’est que NE Xamax a pu travailler avec un groupe plus complémentaire dès le début. Ce qui n’avait pas été le cas la saison passée. Et puis, Andrea Binotto a eu le temps de mettre en place ce qu’il voulait.
C’est-à-dire?
On le voit sur le terrain, l’équipe est en confiance et joue bien, mais c’est encore tôt dans la saison. Yverdon n’a pas seulement changé son entraîneur. Quand tu crées un nouveau groupe, que tu as 90% de l’équipe qui est nouvelle, ce n’est pas facile. Pour l’avoir vécu, cela peut arriver que le déclic se fasse tout de suite, mais pas toujours. Il faut aussi du temps pour que le coach puisse mettre sa patte et que les joueurs apprennent à se connaître. Ce n’est donc pas un match de l’extrême, mais il peut permettre à Xamax de confirmer son bon début ou à Yverdon de récolter ses premiers points..Je pense qu’il faut s’attendre à un derby équilibré.
C’est ce discours que va tenir Andrea Binotto: celui de ne surtout pas prendre de haut l’adversaire?
Ce n’est pas du tout l’image du personnage de prendre les gens de haut. A Neuchâtel, que ce soit le coach ou les joueurs, on sait très bien d’où on vient. Et je le répète, dans cette Challenge League, il y a peu de différence entre les équipes. Comme on a pu le constater lors de notre dernier match contre Aarau, nous avons été malmenés durant une mi-temps et cela s’est joué sur des détails et la forme de certains joueurs, non pas qu’en face ils ne savaient plus jouer ou que nous étions devenus meilleurs. Or, la différence avec la saison dernière c’est qu’il y a de la qualité dans ce groupe, pas seulement 11 ou 12 joueurs. Il y en a qui poussent derrière.
Les changements effectués contre Aarau ont été bénéfiques…
Et c’est la force d’une belle équipe, en confiance, qui ne lâche rien. On a senti depuis les tribunes qu’il se passait quelque chose. Le fait de pouvoir effectuer cinq changements, dont trois d’un coup, a permis à Andrea Binotto de donner un coup de fouet à sa formation au bon moment. Elle est arrivés sur le terrain avec une bonne dynamique. À l’époque, tu hésitais à le faire, là on peut travailler différemment.
Philippe, pensez-vous que c’est la bonne année pour NE Xamax de remonter en Super League?
NE Xamax doit remonter un jour, parce que c’est un grand club. Mais il faut accepter, des fois,de repartir de plus bas pour stabiliser les fondations. Qu’on soit joueur ou entraîneur. Cette année, si ce bon début de championnat se concrétise sur la longueur, alors oui, si on peut jouer la promotion, on va le faire, le public n’attend plus que ça. Mais il faut s’assurer que ces fondations soient solides pour éviter toute mauvaise surprise par la suite et que tout s’écroule. Maintenant, tout le monde espère à Neuchâtel qu’on va remonter ces étapes patiemment.
La prochaine étape du football suisse serait aussi de passer à douze équipes, mais cela, c’est une autre histoire…
On est tout à fait d’accord. Je pense qu’à un moment donné, il faudra y songer. On n’est déjà pas le pays le plus fort au niveau du foot et on va à contresens par rapport à d’autres nations. Cette crise a démontré que passablement de clubs ont laissé des plumes et qu’il faut désormais travailler différemment. À l’époque, nous avons travaillé avec 12, 14 et même plus de clubs en LNA, le football suisse ne doit pas être un cercle fermé. Le bon joueur restera toujours un bon joueur qui peut partir à l’étranger. Il y a quelque chose à changer, c’est sûr.