Réforme des retraites en FranceLa colère reste vive, alors que Paris affronte deux motions de censure
Ce lundi, à l’Assemblée, deux motions contre le gouvernement français seront traitées, après son passage en force sur la réforme des retraites. Toutefois, leur succès semble improbable.
En France, la situation semble loin de se calmer sur le front de la lutte contre la réforme des retraites. Sur le plan parlementaire, deux motions de censure seront examinées – l’une «transpartisane», déposée par le groupe parlementaire indépendant centriste Liot, l’autre par le Rassemblement national (RN – extrême droite) – ce lundi après-midi. Ces motions sont consécutives au recours, jeudi, par le gouvernement, à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet une adoption d’un texte sans vote si aucune motion de censure n’aboutit.
Emmanuel Macron, qui était resté silencieux sur le sujet depuis jeudi, a exprimé «son souhait que le texte sur les retraites puisse aller au bout de son cheminement démocratique dans le respect de tous».
Ce serait une première
Après deux mois de concertations et une intense mobilisation syndicale et populaire contre le projet, le passage en force de l’exécutif a été vilipendé par l’opposition. Depuis le 19 janvier, de nombreux Français ont manifesté à huit reprises pour dire leur refus de cette réforme, dont la mesure phare, le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, cristallise la colère. Les opposants à cette réforme la jugent «injuste», notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.
Mais cette opposition devra se montrer unie à l’Assemblée lundi, de l’extrême droite à la gauche radicale, et compter sur une trentaine de votes des députés Les Républicains (LR, droite traditionnelle) pour renverser le gouvernement, qui ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée. Un scénario improbable, aucun gouvernement n’étant tombé à la suite d’une motion de censure depuis l’avènement de la Ve République française, en 1958, mais pas impossible pour autant, alors que la pression monte sur les parlementaires.
«Envoyer un électrochoc» au gouvernement
Le député LR Aurélien Pradié, qui a mené la fronde à droite sur cette réforme, a annoncé, lundi, qu’il voterait la motion de censure du groupe Liot pour envoyer un «électrochoc» à l’exécutif, mais pas celle déposée par l’extrême droite. Selon lui, le nombre de députés LR prêts à voter la censure se monte «peut-être à une quinzaine, je ne sais pas s’il y en a davantage».
Sur le front social, plusieurs secteurs-clés de l’économie restent perturbés ce lundi, notamment dans les transports, la collecte de déchets et l’approvisionnement en carburant. La plus grande raffinerie du pays, située en Normandie, a commencé à être mise à l’arrêt par des opposants et d’autres sites pourraient suivre.
La France est l’un des pays européens où l’âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Le gouvernement a fait le choix d’allonger la durée de travail pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population.
Lycées touchés aux premières épreuves du bac?
Lundi, plusieurs manifestations pour s’opposer à la réforme des retraites causaient d’importantes perturbations du trafic aux abords de Rennes. Des arrêts de travail de surveillants sont redoutés dans les lycées, pour la première journée des épreuves de spécialité du baccalauréat 2023. La Direction générale de l’aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d’annuler, mardi et mercredi, 20% de leurs vols à Paris-Orly et à Marseille-Provence.
Une nouvelle journée de grèves et de manifestations est prévue jeudi, à travers la France, à l’appel des syndicats.