Affaire Le TanÀ la barre, Jean-Marc R. se défend d’être «un monstre»
L’homme accusé d’avoir tué la jeune Sophie Le Tan, à Strasbourg (F) en 2018, affirme que les médias ont donné de lui une mauvaise image.
Jean-Marc R. a affirmé mardi avoir été présenté dans les médias «comme un monstre», multipliant les digressions pour tenter de faire oublier le portrait d’un homme décrit comme «seul» et «violent», au deuxième jour de son procès pour l’assassinat de Sophie Le Tan en 201, à Strasbourg (F). «La médiatisation, qui m’a tellement présenté comme un monstre, a influé sur beaucoup de gens» interrogés durant l’enquête, a affirmé l’accusé de 61 ans, s’exprimant d’une voix sans affect.
Interrogé par l’avocat de la famille Le Tan, Me Gérard Welzer, sur son sentiment d’être «une bête de foire», Jean-Marc R. répondra: «Quelque part, oui j’ai l’impression». «Dès qu’on m’a arrêté, on m’a désigné comme coupable», a lancé celui qui a mis plus de deux ans à avouer avoir tué et démembré Sophie Le Tan, déclenchant des réactions indignées dans la salle.
Une «enfance solitaire»
Masque sur le nez et en tee-shirt, Jean-Marc R. s’est montré volubile, parlant avec force détails incongrus et circonvolutions, sans lâcher le micro du box vitré des accusés. «Encore une fois, ce n’était pas la question, Monsieur R.», a dû à plusieurs reprises le recadrer le président de la cour, Antoine Giessenhoffer. Connu pour son côté très procédurier, Jean-Marc R., lunettes de vue sur le nez, a encore feuilleté des dossiers et des notes avant le début de l’audience, consacrée mardi matin à sa personnalité.
Les trois longs entretiens réalisés durant l’instruction avec lui en prison et ceux avec ses proches ont fait ressortir une «enfance solitaire» dans une famille mise à mal par l’alcoolisme du père, un «isolement social» avec peu d’amis, mais aussi la «haute estime de lui-même», d’un homme «refusant de se laisser couper la parole» et parlant «avec engouement de son parcours universitaire et fierté de son allure d’antan».
«Une tendance à minimiser» les violences commises sur ses anciennes compagnes a également été relevée. «L’enquête de personnalité est parcellaire, elle aurait pu être plus complète», a critiqué le prévenu. Un témoin, qui l’a côtoyé en 2018 via un site de sorties collectives, évoquera «un homme seul et décalé dans ses questions et dans ses réponses».
Retrouvée démembrée
Sophie Le Tan a disparu le jour de ses 20 ans après être allée visiter un appartement au nord de Strasbourg. Auteur de l’annonce de location, l’accusé a été confondu par la téléphonie, d’importantes traces de sang effacées dans son appartement et de l’ADN de la victime retrouvé sur le manche d’une scie à métaux qui a servi à découper le corps de la jeune femme, retrouvée en forêt plus d’un an après.
Jean-Marc R. a d’abord nié avant de finir par avouer début 2021 avoir tué Sophie Le Tan et l’avoir démembrée. Il nie néanmoins avoir prémédité son acte et lui avoir tendu volontairement un piège avec cette annonce immobilière fictive.