CinémaCritique: «The Flash» est un joyeux sabordage
Cette aventure solo accordée à l’un des personnages de «Justice League» n’a plus que les acteurs pour rappeler que le film fut un temps intégré au Snyderverse.
- par
- Jean-Charles Canet
En 1983, quand est sorti «Superman III», les spectateurs n’ont plus reconnu leur Superman, le «super» devenu pour la première fois «héros» d’une grosse production cinématographique de prestige quelques années plus tôt. Dans ce troisième opus, les producteurs – plus soucieux de rentabilité et d’argent facile – avaient confié l’entier des commandes au britannique Richard Lester avec pour objectif inavoué de tourner vite et pour pas cher. Ce dernier s’est empressé de s’exécuter tout en faisant ce qu’il fait le mieux en bon contrebandier: injecter de l’humour, beaucoup d’humour. Les années n’ont pas été tendres pour ce film, même si quelques gags font toujours mouche.
On vous dit cela parce que «The Flash», en salles dès mercredi, nous a beaucoup fait penser à «Superman III». C’est le même type de film malade, victime de vents contraires. Le genre qui se dit, «foutu pour foutu autant s’amuser». On retrouve Ezra Miller dans le rôle-titre, tel qu’il était dans «Justice League» (les deux versions, le remontage de Josh Whedon et le final cut de Zack Snyder): un jeune adulte toujours puceau mais qui court très, très vite, traumatisé par le meurtre de sa mère et l’emprisonnement de son père injustement accusé.
Outre Ezra Miller, on retrouve aussi, brièvement, Ben Affleck dans le rôle de Batman et Gal Gadot dans le rôle Wonder Woman. Il y a aussi un caméo de Jason Momoa, alias Aquaman. Il y a même un long passage avec Michael Shannon, le général Zod. Et, bien sûr, l’ombre de Superman, version Henry Cavill, plane au-dessus d’un chantier qui a connu plusieurs architectes.
Tous ces acteurs, actrice et personnages furent un temps les piliers de l’univers étendu DC qui avait été confié pour sa partie la plus prestigieuse à Zack Snyder. Mais voilà, les films de Snyder n’ont pas rapporté autant que ce que la Warner escomptait. Le studio a donc tué le Snyderverse, poursuivi la production de quelques films DC en mode poulet sans tête avec plus de catastrophes industrielles que de semi-réussite et vient de confier le reboot de l’univers étendu à un James Gunn débauché des écuries Marvel.
Queue de comète
Du coup, production née alors que Snyder était toujours le roi, puis malmenée par les changements de cap, «The Flash» n’a plus qu’une seule raison d’être: sortir et rembourser au moins son budget colossal sans espoir de voir sa lignée maintenue. Dans les faits Cavill et Gadot ont été remerciés, Ben Affleck aussi.
Mais aussi queue de comète puisse-t-il être, «The Flash» commence très bien. Comme une pure comédie. À la fois très loin du ton christique et ampoulé de Snyder mais aussi qui se révèle plus séduisante que les dernières productions décérébrées Marvel ou DC. La séquence avant et après le titre, à base de bébés éjectés d’un hôpital en train de s’effondrer nous a mis en joie.
Ligne temporelle
On aurait souhaité que «The Flash» parvienne à maintenir la ligne de l’humour, puisque c’est le ton qui a été finalement choisi. Mais en exploitant le filon «je cours très vite, donc je peux remonter le temps, donc je peux le modifier», le film s’égare sur une interminable ligne temporelle alternative avec l’humour souvent en guise de rustine maladroitement appliquée. Parfois ça marche, on sourit et même parfois on s’esclaffe. Mais quand les combats numériques entre gentils et méchants s’enchaînent et se déchaînent, l’ennui pointe sévèrement.
Outre l’humour, reste des surprises (le retour de Michael Keaton en Batman, largement éventé dans la bande-annonce), des clins d’œil, des coups de coude.
Comme pour «Superman III», les années ne devraient pas être tendres pour «The Flash».
Première apparition publique en deux ans pour Ezra Miller
«The Flash» a connu des années de retard, notamment dues aux déboires judiciaires de sa star, Ezra Miller. Et cela faisait longtemps que celle-ci n’était pas apparue en public. Deux ans même. L’interprète de Barry Allen, alias Flash, est apparu sur le tapis rouge, lors de l’avant-première lundi 12 juin à Hollywood. Ezra Miller, qui arborait une longue chevelure, n’a répondu à aucune question.