ParisDébut du procès de l’attentat de Nice devant la cour d’assises spéciale
Le 14 juillet 2016, 86 personnes ont perdu la vie dans une attaque au camion bélier à Nice, revendiquée par l’EI. Huit personnes sont jugées à Paris pour avoir aidé l’assaillant.
Le procès de l’attentat de Nice s’ouvre lundi à Paris, un peu plus de six ans après l’équipée meurtrière du camion conduit par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel dans la foule venue assister au feu d’artifice du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais.
Au total, 86 personnes ont perdu la vie et plus de 450 autres ont été blessées dans cette attaque revendiquée par le groupe État islamique (EI), la plus meurtrière commise sur le sol français après celles du 13 novembre 2015 contre le Stade de France, le Bataclan et les terrasses parisiennes.
En l’absence de l’assaillant, tué par la police le soir de l’attentat, huit personnes de nationalité franco-tunisienne, tunisienne ou albanaise, dont une femme, comparaissent devant la cour d’assises spéciale de Paris, dans la salle spécialement construite pour le procès du 13-Novembre dans le Palais de justice de l’Ile de la Cité.
Jusqu’au 16 décembre
L’audience, qui commencera à 13 h 30, doit s’étirer jusqu’au 16 décembre. La première journée sera consacrée à l’interrogatoire d’identité des accusés et à l’actualisation des constitutions de partie civile. Elles étaient d’ores et déjà 865 avant le procès.
Les premières paroles des accusés sont attendues mardi. Trois d’entre eux – Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Artan Henaj – comparaissent détenus, dont un (Artan Henaj) dans le cadre d’une autre affaire. Quatre autres – Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace – ont été placés sous contrôle judiciaire et se présenteront libres devant la cour.
Le huitième, Brahim Tritrou, sera jugé en son absence après avoir rompu son contrôle judiciaire. Selon son avocate, il se trouve actuellement détenu en Tunisie. Un mandat d’arrêt a été émis à son encontre par la justice française.
Trois accusés seulement (Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. En état de récidive légale, le premier encourt la réclusion criminelle à perpétuité, les deux autres une peine de vingt ans de prison.
Pas de complicité
Pour l’accusation, ils auraient «apporté leur concours à la préparation» de l’attentat commis par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. Ce Tunisien de 31 ans, chauffeur-livreur au caractère instable, était plus connu avant les faits pour des actes de violence, notamment contre son épouse, que pour sa proximité avec la mouvance djihadiste.
Aucun des accusés n’est poursuivi pour complicité d’assassinats ou tentative d’assassinats en bande organisée. L’enquête n’a pas permis de déterminer s’ils étaient au courant du projet d’attentat. L’accusation a toutefois souligné leur «très grande proximité» avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et estimé qu’ils étaient «pleinement conscients» de son adhésion «à l’idéologie du djihad armé» et de «sa fascination pour les passages à l’acte violents».
Selon le dossier d’accusation, ce n’est qu’une dizaine de jours avant l’attentat que le Tunisien a montré des signes de radicalisation, même s’il «s’était inscrit dans une démarche idéologique d’inspiration djihadiste plusieurs mois avant». Il n’était pas fiché pour radicalisation par les services de renseignement.
Si l’EI a revendiqué l’attentat, l’enquête n’a pu établir aucun lien direct entre Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et l’organisation djihadiste. Cette revendication «paraît être davantage (…) de pure opportunité», conclut-elle.
Les cinq autres accusés sont poursuivis pour des délits de droit commun – association de malfaiteurs et infractions à la législation sur les armes – et encourent cinq à dix ans d’emprisonnement.
Archives historiques
Le procès sera retransmis simultanément dans une salle du palais des congrès Acropolis de Nice. Les audiences, qui auront lieu du mardi au vendredi, matin et soir, seront également accessibles par webradio, avec un léger différé de trente minutes, pour les parties civiles qui en feront la demande y compris à l’étranger. Une traduction intégrale sera assurée en anglais.
Comme celui du 13-Novembre, le procès de l’attentat de Nice sera filmé et enregistré pour les archives historiques. Parmi les témoins attendus à la barre dans les prochaines semaines, l’ex-président François Hollande ou le ministre de l’Intérieur de l’époque Bernard Cazeneuve.