IsraëlLe «roi Bibi» Netanyahou de retour sur son trône
Après une pause dans l’opposition, l’expérimenté homme politique a formé le gouvernement le plus à droite de l’histoire du pays.
Benyamin Netanyahou a renoué jeudi avec le pouvoir en formant le gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël qui suscite déjà de vives inquiétudes. Vainqueur des législatives du 1er novembre, M. Netanyahou avait présenté dans la matinée son équipe ministérielle aux députés, avant la tenue dans l’après-midi d’un vote de confiance remporté par une majorité de 63 élus sur les 120 du Parlement et de sa prestation de serment. M. Netanyahou a notamment annoncé la nomination de l’ex-ministre du Renseignement Eli Cohen à la tête des Affaires étrangères. La veille, il avait indiqué que Yoav Gallant, un ancien haut gradé jugé proche du mouvement pro colonisation en Cisjordanie occupée, allait obtenir la Défense.
L’Iran dans le viseur
La mission du gouvernement sera de «contrecarrer les efforts de l’Iran pour se doter d’un arsenal nucléaire», «d’assurer la supériorité militaire d’Israël dans la région», tout en «élargissant le cercle de la paix» avec les pays arabes, a déclaré M. Netanyahou, qui doit réunir dès jeudi soir à Jérusalem son premier cabinet ministériel. Inculpé pour corruption dans plusieurs affaires, le chef du Likoud (droite) avait été chassé du pouvoir en juin 2021 par une coalition hétéroclite avant de promettre un retour aux affaires en s’alliant avec des partis ultraorthodoxes et d’extrême droite.
Sa coalition comprend notamment les formations «Sionisme religieux» de Bezalel Smotrich et «Force juive» d’Itamar Ben Gvir, connus pour leurs propos anti-palestiniens et leurs positions favorables à l’annexion d’une partie de la Cisjordanie, et «Noam» d’Avi Maoz, ouvertement anti-LGBTQ. En dépit de la présence de ce parti dans le gouvernement, les députés ont élu Amir Ohana comme président du Parlement, une première pour un député ouvertement homosexuel dans ce pays.
«Soif de pouvoir»
Dans ce nouveau gouvernement, MM. Smotrich et Ben Gvir sont respectivement en charge des colonies en Cisjordanie et de la police israélienne, dont des unités opèrent aussi dans ce territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. La procureure générale, Gali Baharav-Miara, a récemment dit craindre des réformes réduisant le pouvoir des juges et une «politisation des forces de l’ordre» qui «porterait un coup sérieux aux principes les plus fondamentaux de l’État de droit». Et le chef d’état-major de l’armée Aviv Kochavi s’est dit inquiet de la création d’un second poste de ministre, celui de M. Smotrich, au sein même de la Défense pour superviser la gestion civile de la Cisjordanie.
Pour de nombreux analystes, M. Netanyahou a multiplié les concessions à ses partenaires dans l’espoir d’obtenir une immunité judiciaire ou l’annulation de son procès pour corruption. «Ce gouvernement est l’addition de la faiblesse politique de Netanyahou, compte tenu de son âge et de son procès, et du fait qu’on a une nouvelle famille politique, liée à la droite révolutionnaire, que l’on n’avait jamais vue avec cette force en Israël», explique à l’AFP Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University d’Israël.
MM. Smotrich et Ben Gvir, qui souhaitent avant tout renforcer la colonisation en Cisjordanie, territoire palestinien où vivent déjà plus de 475’000 colons juifs, «ont une très forte soif de pouvoir et ils savent que ce qu’ils n’obtiennent pas d’ici trois mois, six mois, voire deux ans, n’aura pas lieu», ajoute M. Charbit.