États-UnisL’auteur de la tuerie raciste de Buffalo plaide coupable
Le jeune homme qui a tué dix Afro-Américains, le 14 mai dernier, dans l’État de New York, risque d’être condamné à perpétuité par une première Cour. Mais un Tribunal fédéral pourrait lui infliger la peine de mort.
Le jeune suprémaciste blanc accusé d’avoir perpétré, en mai, une tuerie raciste en assassinant dix personnes noires dans un supermarché de Buffalo, à l’ouest de l’État de New York, a plaidé coupable, lundi, de meurtres racistes et acte de terrorisme devant la justice de l’État. Il «a plaidé coupable des charges» contenues «dans l’acte d’inculpation», a annoncé, peu après l’audience devant un tribunal du comté d’Érié, le procureur John Flynn, en rappelant le caractère «raciste» de ces crimes, «nourris par l’idéologie suprémaciste blanche et visant délibérément des personnes noires».
Après cette étape judiciaire, le tueur, 18 ans au moment du massacre, le 14 mai, «encourt une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle lorsqu’il sera condamné, le mercredi 15 février 2023», devant la justice de l’État de New York, a ajouté le procureur. Mais il est aussi inculpé devant un Tribunal fédéral, où il risque théoriquement la peine de mort.
Préparation minutieuse
Durant sa conférence de presse, le procureur a rappelé que le jeune homme, en détention depuis mai, avait méticuleusement préparé ses actes, et qu’il était muni, en plus d’un fusil semi-automatique de type AR-15, d’une caméra portable pour filmer sa tuerie et la diffuser sur le réseau social Twitch.
«Même si justice a été rendue, rien ne ramènera jamais les dix belles personnes qui ont perdu la vie ce jour-là», a déclaré John Flynn. «Espérons que le terme judiciaire de l’affaire apportera aux familles et aux victimes un certain soulagement», a-t-il ajouté. Les victimes étaient âgées de 20 à 86 ans.
Dans ses messages et un manifeste raciste, suprémaciste et complotiste qui lui a été attribué, le tireur avait écrit, plusieurs mois avant le massacre, qu’il voulait tuer des personnes noires et qu’il visait un quartier pauvre et isolé de Buffalo, en raison de sa forte proportion d’Afro-Américains. Il avait aussi effectué un voyage de reconnaissance avant la tuerie à Buffalo, à 300 km au nord de son domicile.
Âge légal relevé à New York
Le carnage avait été un nouveau choc pour les États-Unis, doublé, seulement dix jours plus tard, par un autre massacre au fusil semi-automatique perpétré par un jeune homme de 18 ans, qui avait tué dix-neuf enfants et deux enseignantes dans une école d’Uvalde, au Texas. Ces tueries, dont la liste s’est allongée depuis, ont relancé le débat récurrent sur un manque de régulation des armes à feu aux États-Unis, mais le président démocrate Joe Biden n’est pour l’instant pas parvenu à faire passer au Congrès l’interdiction des fusils d’assaut comme les AR-15, en raison de l’opposition républicaine.
Après le bain de sang de Buffalo, l’État de New York, le quatrième plus peuplé des États-Unis (près de 20 millions d’habitants), gouverné par la Démocrate Kathy Hochul, a relevé l’âge pour pouvoir se procurer un fusil semi-automatique, de 18 à 21 ans.
Selon le site Gun Violence Archive, plus de 600 fusillades ayant fait plusieurs victimes (au moins quatre personnes tuées ou blessées) ont eu lieu aux États-Unis depuis le début de l’année en cours. Environ 49’000 personnes sont mortes par balle dans le pays en 2021, contre 45’000 en 2020, qui était déjà une année record. Cela représente plus de 130 décès par jour, dont plus de la moitié sont des suicides.