FootballPour l’arbitre de la discorde, «cette main n’est pas punissable»
À Tourbillon, Luca Cibelli est venu s’expliquer sur sa décision d’annuler le penalty sifflé en faveur des Valaisans. Au FC Sion, il y a trop de réalités qui dérangent.
- par
- Nicolas Jacquier
Après le nouveau non-match du FC Sion, battu samedi soir à domicile comme il en a pris la vilaine habitude, il y a d’abord la réalité des chiffres qui font mal. Cette saison, le club valaisan a ainsi perdu 11 points (sur un total théorique de 12 possibles) contre le FC Winterthour. Le «petit» club zurichois est peut-être modeste mais il sait jouer avec les qualités qui sont les siennes. Tout l’inverse d’un FC Sion apparu à la dérive.
Après Paolo Tramezzani, après Fabio Celestini, David Bettoni s’est cassé à son tour les dents sur l’équation que constitue le néo-promu. Après des débuts encourageants et une timide embellie, le Sion estampillé Bettoni, retombé dans ses travers, ne semble pas valoir beaucoup mieux que celui de ses prédécesseurs. Alors qu’il reste 12 unités en jeu, c’est peut-être là le plus inquiétant…
Il y a aussi la réalité des hommes. Parce que ce sont eux qui doivent donner vie au système et au ballon. Dans ce domaine, les Valaisans ont rendu une feuille blanche. Tant ce qu’ils ont proposé en termes de contenu était indigent. Terminer le match qui pouvait les sauver sans avoir réussi à se créer une seule occasion sérieuse tient presque de l’exploit. C’est celui qu’a pourtant réalisé le FC Sion. Ses joueurs avaient-ils seulement conscience de ce qui se jouait en termes d’enjeu? Il est permis d’en douter. «Je ne m’explique pas pourquoi Winterthour en voulait beaucoup plus que nous en première période, devait constater, amer, leur nouveau coach. On n’a pas le droit de ne pas jouer durant 45 minutes.»
Il y a enfin la réalité de l’arbitrage helvétique. Alors qu’il avait pris ses responsabilités, M. Luca Cibelli s’est déjugé après avoir accordé un penalty qui semblait pourtant évident suite à un «arrêt de la main» du capitaine Schmid. Une application pointilleuse d’un point du règlement concernant les mains (ou bras) au sol l’a convaincu d’annuler la sanction, provoquant aussitôt la colère du public, des joueurs et des dirigeants sédunois, ainsi qu’une pluie d’objets sur la pelouse. «Voilà deux week-ends successifs que l’on vit des situations qui ne sont pas normales», déplorait Barthélémy Constantin. Voici une semaine au Letzigrund contre Zurich, M. Wolfensberger avait confirmé son penalty litigieux après avoir été visionné les images du délit; cette fois, M. Cibelli a annulé sa décision après avoir été invité par la VAR à aller consulter son écran de contrôle. Tout ceci est une question d’interprétation, penchant rarement en faveur des Romands. Et c’est bien tout le problème…
Samedi soir, le directeur sportif du FC Sion avait l’élégance de ne pas fuir une autre réalité tout aussi troublante. «Notre vrai problème, admettait-il, c’est ce que l’on a montré, pas l’arbitre.» Comment Barthélémy Constantin avait-il vécu les événements de la 70e minute, notamment les gestes de son père exhortant ses joueurs à quitter la pelouse en guise de protestation? «Dans ce genre de situation, tout le monde à sa manière de réagir. Je ne suis pas Christian Constantin. Il faudrait le lui demander…»
Alors que Tourbillon avait retrouvé son calme, Luca Cibelli est venu s’expliquer au micro de blue Sport pour justifier sa volte-face sur la scène du penalty de la contestation.
«Sur le terrain, devait-il détailler à notre confrère Daniel Romano, j’ai sifflé une faute de main parce que j’ai vu un deuxième mouvement quand le joueur tombe au sol. La communication que j’ai donnée ne correspondait pas avec ce que la VAR avait comme image (…) A l’écran, je ne vois pas cette situation donc c’est pour cela que je change ma décision. (…) Le défenseur supporte son corps. Cette position est considérée comme naturelle quand on tacle (…) Sur ce match, il peut y avoir un sentiment d’injustice parce que les gens voient une main. Mais cette main en réalité n’est pas punissable.» En résumé, il suffit donc d’avoir un bras (ou une main) au sol pour pouvoir s’improviser gardien sans être nullement inquiété, plutôt curieux, non?
À l’arrivée, on doute que ces explications, que le directeur de jeu devaient renouveler au micro de la RTS, calment la frustration et la colère d’un FC Sion qui serait bien inspiré de regarder d’abord ses propres manquements. Car qu’est-on vraiment en droit d’espérer lorsqu’on boucle une saison en n’ayant pris en quatre confrontations qu’un seul point face au néo-promu sur douze possibles? Peut-être pas mieux qu’un barrage face au LS…