SuisseAider aussi ceux qui vivent juste au-dessus du seuil de pauvreté
Selon Caritas, le seuil actuel de 3900 francs pour un ménage de 4 personnes est trop bas. S’il était relevé de 500 francs, le nombre de familles pauvres doublerait. L’organisation d’entraide réclame des mesures.
En Suisse, plus de 722’000 personnes, soit 10% de la population, vivent sous le seuil de la pauvreté. Ce seuil est actuellement fixé à 3963 francs par mois pour une famille de 4 personnes (2279 pour une personne seule). Ce montant doit pouvoir couvrir toutes les dépenses de la vie quotidienne, y compris le loyer, selon les critères de l’Office fédéral de la statistique. Hic: ceux qui gagnent ne serait-ce que 50 francs de plus que cette somme, ne sont pas considérés comme pauvres et n’ont pas droit à l’aide sociale, relève Caritas Suisse mardi. L’organisation d’entraide, qui a rappelé en décembre que la pandémie de Covid a encore aggravé la pauvreté en Suisse, monte donc au front pour aider cette classe de population souvent en difficulté.
La pauvreté doublerait d’un coup
En collaboration avec des chercheurs de la Haute école spécialisée bernoise, Caritas a calculé pour le canton de Berne combien de ménages se situaient juste au-dessus du seuil de pauvreté. Verdict: si l’on augmentait le seuil de la pauvreté de 500 francs, le nombre de personnes touchées dans le canton doublerait d’un coup, passant de 7,7% à 14,4%, explique l’organisation.
Et ce sont surtout les familles monoparentales ou en situation financière difficile qui se trouvent dans la zone critique. «Statistiquement, elles ne sont pas considérées comme pauvres, et pourtant, elles ont bien de la peine à joindre les deux bouts», explique Aline Masé, responsable du service de politique sociale de Caritas Suisse. Et de critiquer le fait que les familles reçoivent très peu de soutien de l’État.
«Urgent d’investir dans les familles»
Du coup, l’organisation demande au monde politique de prendre des mesures pour que les ménages situés juste au-dessus du seuil de pauvreté aient droit eux aussi à un soutien financier. «Il est urgent d’investir dans les familles, car des offres de garde d’enfants extrafamiliales bon marché permettent de concilier vie professionnelle et vie privée», explique Andreas Lustenberger, responsable Politique et Affaires publiques chez Caritas Suisse.
L’organisation propose également d’introduire à l’échelle nationale les prestations complémentaires pour les familles qui existent déjà dans certains cantons. Il faut également élargir l’offre de formation et la formation continue pour les adultes afin que les gens ne restent pas bloqués dans le segment des bas salaires, souligne-t-elle. «Si nous ne prenons en compte que les personnes qui sont pauvres selon les critères de l’OFS, nous passons à côté de la réalité difficile de tous celles et ceux qui ont de la peine à couvrir leurs besoins de base. La solution réside donc dans un allègement financier ciblé des familles à bas revenus», conclut le directeur de Caritas Suisse Peter Lack.
Pour rappel, les résultats d’une vaste enquête fiscale publiés en février dernier montrent que 17% des ménages suisses doivent subsister avec de faibles ou de très faibles ressources financières.