WimbledonIsner intraitable, Fokina incontrôlable, le «best of» de mercredi
Un Centre Court en ébullition, une disqualification au super tie-break et un règlement de comptes sur les réseaux, Wimbledon est passé par toutes les émotions mercredi
- par
- Mathieu Aeschmann Londres
Le match
La victoire de John Isner face à Andy Murray, évidemment (6-4, 7-6, 6-7, 6-4). Cela faisait quelques années que le Centre Court n’avait pas tremblé comme ça sous les décibels. Le public anglais a tout tenté pour porter Sir Andy Murray, le pousser à rester calme et à attendre patiemment son heure. En vain. Car l’Écossais, double vainqueur en son royaume, est tombé sur un immense John Isner (24e joueur mondial). Le géant américain a tout fait juste. Au service, forcément: 36 aces ce qui porte son total à 100 en deux matches! Mais c’est surtout dans le petit jeu que «Big John» aura marqué son territoire. À 37 ans, le demi-finaliste en 2018 a étalé une sérénité totale dans chacune de ses premières volées ou demi-volées mais également – et c’est plus rare – sur ses slices de défense. Jamais John Isner n’avait battu Andy Murray. Il l’a fait sur le court où l’Écossais est le plus dur à battre. Chapeau.
La tuile
Alejandro Davidovich Fokina devrait rester quoi qu’il arrive l’homme de cette première semaine. Après sa qualification en mode montagnes russes face à Hurkacz (3 balles de match manquées au 3e set, qualification au super tie-break du 5e), l’Espagnol s’est offert un nouveau super tie-break face à Jiri Vesely. Sauf que cette fois, il n’a réussi à le jouer jusqu’au bout; la faute à une balle dégagée dans les travées à 7-9. Rien de grave a priori. À condition d’avoir «un casier vierge». Or le sanguin Andalou avait déjà reçu un avertissement pour obscénité un peu plus tôt. Sa seconde infraction devenait donc synonyme de point de pénalité et de match perdu. Alors bien sûr, l’arbitre aurait pu se montrer plus psychologue, en prenant en compte le contexte. Sauf que Carlos Ramos – l’homme qui avait averti Serena Williams en finale de l’US Open pour «coaching» – n’est pas tout à fait connu pour sa psychologie.
La phrase
Impuissante sur le court, Emma Raducanu n’a rien perdu de sa repartie face aux médias. Quelques minutes après sa performance médiocre face à Caroline Garcia (3-6, 3-6), la championne du dernier US Open affichait un large sourire pour répondre aux inquiétudes de la presse locale. Au premier rang desquelles, son piètre bilan sportif: 10 petites victoires en 10 mois alors que l’été lui propose des tonnes de points à défendre. «J’ai 19 ans et, en effet, il y a beaucoup d’attention autour de moi. Mais je suis une championne de Grand Chelem et, cela, personne ne va me l’enlever. Si la pression existe, elle est plutôt sur les épaules de celles qui n’ont pas encore gagné un Majeur.» Et pan (comme dirait Jean-Paul Loth)!
La colère
C’est un message assez rageur qu’a posté mercredi après-midi sur les réseaux sociaux Tamara Korpatsch. La raison? Sa partenaire de double venait de lui poser un lapin à quelques heures de leur premier tour. L’identité de cette malotrue: Harmony Tan, tombeuse de Serena Williams tard la veille au soir après trois sets épiques. Touchée officiellement à la cuisse, la Française a privilégié le repos et son deuxième tour en simple (jeudi contre Sorribes Tormo). «C’est elle qui m’a proposé de jouer, pas moi. Et elle m’envoie un message une heure avant le match. C’est injuste. Je suis très énervée, a expliqué l’Allemande, prenant à témoin des journalistes parmi les plus actifs sur les réseaux. Si tu es détruite au lendemain d’un match de trois heures, tu ne peux pas jouer au niveau professionnel.» Ambiance.
La rumeur
Alors que la Belge Alisson Van Uytvanck a déclaré forfait en double, malade, et que Tatiana Golovin a remis les pieds dans le plat en déclarant que «toutes les Tchèques avaient eu le Covid à Roland-Garros», les joueurs commencent à faire attention. Selon «radio vestiaire», la cohorte de joueurs espagnols aurait ainsi averti le restaurant où elle a ses habitudes de ne plus l’attendre. Dorénavant, chacun mange chez soi. C’est plus prudent lorsque l’on espère durer dans le tournoi.
L’impression
Celle laissée par Iga Swiatek sur le court le plus camouflé d’Aorangi Park. Mercredi à la mi-journée, la vue sur les courts d’entraînement proposait une déclinaison de No 1: Swiatek donc, puis Andy Murray et, de l’autre côté du chemin, Rafael Nadal. Même pas besoin de tourner la tête pour chercher les similitudes. La principale: l’intensité et, pour les deux vainqueurs du French, la violence des frappes. C’était comme si Rafa et Iga avaient choisi de «surjouer» à l’entraînement - Marc Lopez frappait même à fond ses engagements - pour que le rythme du match devienne une zone de confort. Or à tutoyer les limites, c’est la Polonaise qui semblait la plus à l’aise. Si Nadal cherche encore ses repères, Iga Swiatek, elle, a tout trouvé depuis longtemps. Et même s’il faut se méfier des entraînements, son niveau de jeu semble se situer sur une autre planète.