CanadaAprès 24 jours de manifestations, la police reprend le contrôle d’Ottawa
Les autorités canadiennes ont indiqué dimanche avoir arrêté 190 personnes et remorqué près de 80 véhicules pour dégager les rues de la capitale canadienne.
Camions remorqués, manifestants arrêtés… La police avait quasiment repris dimanche le contrôle du centre d’Ottawa, paralysé durant 24 jours par des camionneurs s’opposant à la politique sanitaire du gouvernement canadien.
Les autorités ont indiqué avoir arrêté 190 manifestants et remorqué près de 80 véhicules, qui durant des semaines ont fait résonner leurs klaxons dans cette ville d’ordinaire réputée pour son calme. Depuis la fin du mois de janvier, des centaines de camionneurs campaient devant le siège du Parlement pour s’opposer à l’obligation de se faire vacciner contre le Covid-19 pour franchir la frontière franco-canadienne.
Aspergeant les protestataires de spray au poivre, détruisant les abris de fortune dans lesquels certains s’étaient retranchés, la police a haussé le ton au début du week-end, estimant qu’il était temps pour les manifestants de partir. Après avoir délogé la majorité d’entre eux, une clôture a été installée autour du Parlement.
«Un enfer absolu»
Les autorités ont toutefois prévenu dimanche qu’une opération policière était «toujours en cours». «Nous avons promis cette semaine que nous allions libérer nos rues et les rendre à nos résidents», a déclaré Steve Bell, le chef de la police d’Ottawa, lors d’une conférence de presse. «Chaque heure qui passe nous rapproche de cet objectif.»
Certains habitants d’Ottawa recommençaient dimanche à s’aventurer dans les rues du centre. «Ces personnes restaient là – à klaxonner et à intimider les habitants, perturbant nos vies», souffle auprès de l’AFP Dave Chapin au sujet des manifestants. «Ces dernières semaines ont été un enfer absolu».
Seule une poignée de manifestants étaient encore présents dans les rues du centre dimanche. Refusant de s’avouer vaincus, nombre d’entre eux ont assuré qu’ils continueraient à faire pression pour une levée totale des restrictions anti-Covid dans le pays, qui sont parmi les plus strictes au monde. Certaines d’entre elles ont été assouplies ces derniers jours.
Effet ricochet
Si le calme semble être revenu à Ottawa, ce mouvement de contestation historique pourrait toutefois avoir des effets durables sur la politique dans le pays. Le mouvement de protestation canadien en a par ailleurs inspiré d’autres au-delà des frontières du pays, notamment en France et en Nouvelle-Zélande.
La police de la capitale américaine Washington a dit se préparer à l’arrivée d’un convoi de camionneurs au moment de la traditionnelle adresse à la nation de Joe Biden au Congrès américain, prévue le 1er mars. En prévision, un grillage pourrait être installé autour du Capitole.
Ottawa n’a pas encore chiffré l’impact économique définitif de cette crise durant laquelle plusieurs axes frontaliers névralgiques entre les États-Unis et le Canada ont été paralysés, forçant de nombreuses usines à suspendre leur production.
Selon les sondages, les Canadiens, autrefois favorables au mouvement des camionneurs, se sont distanciés d’eux ces derniers jours. Le premier ministre Justin Trudeau, vivement critiqué par l’opposition pour avoir invoqué une loi sur les mesures d’urgence, très rarement utilisée en temps de paix, n’a pas commenté et a semblé vouloir se tenir à l’écart de l’opération d’évacuation.