Motocyclisme - Il y a de la friture sur la ligne...

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MotocyclismeIl y a de la friture sur la ligne...

«Allô, allô, MotoGP 2022, vous me recevez?» Pour toute réponse, quelques bruits: «Crrccc, pas encore, crrccc, à venir, crrccc, laissez-nous travailler!» A Misano, ce n’est pas la pluie de vendredi qui inquiète, mais bien l’orage financier qui se profile.

Jean-Claude Schertenleib
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Jean-Claude Schertenleib

Sur la piste, le «produit MotoGP» n’a jamais été aussi spectaculaire, comme l’ont si brillamment rappelé Bagnaia et Marc Márquez il y a une semaine en Aragón. Dorna, le promoteur du championnat du monde, après avoir construit, fait pousser, puis géré très efficacement une formidable poule aux œufs d’or, doit désormais de plus en plus jouer les mères-nourricières pour des petits poussins (les teams) qui n’arrivent plus à trouver leur propre pitance.

Si ce soutien est logique et efficace – le spectacle génère des revenus, comme les droits commerciaux, il est donc normal que ceux qui font le spectacle soient rémunérés -, il ne doit pas dépasser certaines limites, quantitatives et temporelles. Or, l’orage menace le poulailler.

Qu’on le veuille ou non, la retraite de Valentino Rossi va avoir des effets importants sur le grand public, celui qui n’est pas passionné de MotoGP, mais qui a les yeux de Chimène (on n’a pas écrit les œillères...) pour un seul homme. Qui ne sera plus en piste l’an prochain. Le retrait annoncé du géant malaisien des hydrocarbures, Petronas, est aussi un signal inquiétant. Comme le brouillard de plus en plus épais qui entoure le financement du team Gresini et de beaucoup d’autres. Mais il y a pire...

Aramco VR46: projet envahi sous les dunes?

Quand il annoncé, avant même sa propre retraite de pilote, que sa société VR46 ferait le saut dès 2022 en MotoGP, Valentino Rossi était sûr de lui: un vrai contact avec un vrai prince des sables, un projet pharaonique avec parc à thèmes et construction de villes du futur à la clef, l’Arabie Saoudite allait entrer en scène, riche – c’est le cas de le dire – de tout son poids économique. Or, depuis cette annonce: rien. Ou quelques bruits, des messages rassurants envoyés à quelques médias italiens, dont personne ne sait d’où et par qui ils étaient expédiés.

Valentino Rossi: «Si je suis distrait, c’est par vos questions sur le team.»

Valentino Rossi: «Si je suis distrait, c’est par vos questions sur le team.»

AFP

Valentino Rossi et son important staff ont-ils été trompés par un intermédiaire véreux? Reste que l’annonce officielle et la présentation de la structure qui devrait aligner des Ducati ne sont toujours pas d’actualité. Ce qui commence à excéder Rossi, lui-même qui, vendredi soir, disait: «Je pense que nous ferons le team l’année prochaine, mais je ne sais pas quand ça sera officiel.»

Et à la question suivante, posée lors de son débriefing média quotidien: «Est-ce que ce travail autour de votre futur team vous distrait de votre travail sur la moto?», la star a choisi l’humour pour répondre: «Pour moi, si je suis distrait, c’est par vos questions sur le team. Je ne suis pas la personne à qui parler pour comprendre les dernières nouvelles, simplement parce que ce n’est pas mon rôle principal. Actuellement, je dois rester concentré pour piloter.»

Bienvenue au RNF Racing Team!

Quand l’officialisation du retrait de Petronas a été confirmée au cœur de l’été, Razlan Razali et Johann Stigefelt, les deux patrons de la structure, avaient rapidement réglé quelques problèmes: fermeture des teams Moto3 et Moto2, on met tous les moyens sur le team MotoGP (le team satellite Yamaha) et on annoncera le nouveau partenaire principal très prochainement.

On pensait à Silverstone, rien. Aragón? Silence radio. Quand Andrea Dovizioso était confirmé, d’abord dans le rôle de remplaçant jusqu’à la fin de la saison, puis de titulaire en 2022, tout semblait clair: «Rendez-vous à Misano, on vous dira tout sur notre sponsor italien!» Eh bien, non, c’était visiblement un vœu pieux.

La seule chose annoncée sur les bords de l’Adriatique en cette fin de semaine l’a été par Dorna, soit la signature d’un contrat liant le promoteur du championnat à un RNF Racing Team (la nouvelle société de Razlan Razali) jusqu’en 2026. Mais quant à savoir qui paiera les factures, c’est encore silence radio.

La phrase du jour

«Après trois mois, une MotoGP vous semble être un vaisseau spatial!»

Franco Morbidelli

Un rayon de soleil dans la brume ambiante: l’Italo-Brésilien Franco Morbidelli, qui a manqué les cinq derniers GP pour subir une opération d’un genou, a utilisé une jolie formule pour imager son retour à la compétition.

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