Pérou: La présidente péruvienne a nommé son gouvernement

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PérouLa présidente péruvienne a nommé son gouvernement

Dina Boluarte, la nouvelle présidente du Pérou, a nommé 19 ministres dans son gouvernement, malgré le mécontentement de la rue.

Dina Boluarte à Lima le 9 décembre 2022.

Dina Boluarte à Lima le 9 décembre 2022.

AFP

La nouvelle présidente du Pérou Dina Boluarte a annoncé samedi son gouvernement alors que le mécontentement grandit dans les rues, où des partisans de l’ancien président Pedro Castillo réclament sa libération et de nouvelles élections.

Le nouveau gouvernement compte 19 ministres dont huit femmes. L’ancien procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption, Pedro Angulo, également avocat, a été nommé premier ministre. Un peu plus tôt dans la journée, le président du Congrès, la plus haute autorité du pouvoir législatif péruvien, José Williams, avait appelé la nouvelle présidente à prendre rapidement des mesures, dont la nomination du gouvernement, pour «générer la confiance et la tranquillité».

De nombreuses manifestations et blocages de route ont lieu depuis jeudi à Lima et dans plusieurs villes du pays, notamment les régions andines où Pedro Castillo, un ancien instituteur en milieu rural, bénéficie du plus grand soutien. Des étudiants, des travailleurs et des partis politiques de gauche ont appelé à une manifestation à Lima samedi après la fin des matches de quart de finale de la Coupe du monde de football au Qatar.

Manifestations

Dina Boluarte, vice-présidente jusqu’à son investiture mercredi après la destitution de Pedro Castillo par le Parlement, n’a pas exclu l’organisation d’élections anticipées. «Je lance un appel aux sœurs et aux frères qui sortent manifester pour leur demander de se calmer», a-t-elle déclaré à la presse.

«Si la société et la situation le méritent, nous proposerons des élections dans le cadre de discussions avec les forces démocratiques du Congrès», a déclaré Dina Boluarte, souhaitant chercher une solution pacifique à la crise politique. Des centaines de personnes, répondant à l’appel de collectifs de gauche, ont marché samedi du centre historique de Lima vers le Congrès, lors d’une manifestation qui a rassemblé moins de participants que les jours précédents.

À Andahuaylas, dans la région d’Apurimac d’où Dina Boluarte est originaire, des affrontements entre manifestants et policiers ont fait 20 blessés, dont quatre parmi les forces de l’ordre, selon le Défenseur des droits péruvien. Le bureau du procureur local a notamment été la cible de frondes et de jets de pierre, auxquels la police a répondu en utilisant du gaz lacrymogène. Les blessés, dont l’état de santé est inconnu, ont été transportés à l’hôpital. Deux policiers retenus en otage pendant plusieurs heures ont été relâchés, a encore annoncé le Défenseur des droits.

La police avait fait usage jeudi de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui se dirigeaient déjà vers le Parlement, en arborant des pancartes «Liberté pour Castillo», «Boluarte ne me représente pas» ou «Dissolution du Parlement». Le Bureau du médiateur a appelé sur Twitter «tous les citoyens à être calmes et responsables», rappelant que «l’utilisation de moyens violents pendant les manifestations (était) interdite».

Psychotropes

Après sa tentative ratée mercredi de dissolution du Parlement et d’instauration d’un État d’urgence, une manœuvre qualifiée de «coup d’État», Pedro Castillo a été placé en détention provisoire jeudi pour sept jours sur réclamation du Parquet qui le poursuit pour «rébellion» et «conspiration».

Il est détenu dans une caserne de la police, la même où un autre ex-président, Alberto Fujimori (1990-2000), purge une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l’humanité et corruption. Son ancien chef de cabinet Guidio Bellido ainsi que Me Guillermo Olivera, l’un de ses avocats, ont laissé entendre vendredi que Pedro Castillo avait «peut-être été incité» à dissoudre le Parlement sous l’effet de psychotropes.

Alors que le Parlement devait débattre d’une troisième procédure de destitution à l’encontre du président Castillo, «pour incapacité morale», depuis son accession au pouvoir en juillet 2021, celui qui était encore à la tête du pays a fait une déclaration solennelle à la télévision, ceint de l’écharpe présidentielle, annonçant la dissolution du Parlement et la mise en place de l’état d’urgence dans le pays.

«Il ne se souvient pas» de son annonce télévisée, a affirmé Guidio Bellido, réclamant la réalisation d’un «test toxicologique de toute urgence» sur l’ancien instituteur. «Tout le monde a vu qu’il lisait d’une manière tremblante, et j’émets l’hypothèse qu’il était sous l’emprise d’un sédatif», a renchéri Me Olivera, affirmant qu’un verre de «supposée eau» avait été servi à son client avant qu’il ne lise «ce message écrit par d’autres personnes, quelques minutes auparavant».

(AFP)

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