Une motion relance le «foie gras graben» en Suisse

Publié

AnimauxUne motion relance le «foie gras graben» en Suisse

Le Conseil national veut interdire l’importation du foie gras. Le débat est relancé autour des habitudes alimentaires des deux côtés de la Sarine. Jusqu’ici, toutes les tentatives ont échoué.

Eric Felley
par
Eric Felley
À la poêle, une des façons très appréciées d’apprêter le foie gras.

À la poêle, une des façons très appréciées d’apprêter le foie gras.

Getty Images/iStockphoto

Interdire l’importation du foie gras? L’histoire se répète sous la Coupole fédérale, où le sujet revient régulièrement depuis les années 1990. À chaque fois, ce sont les mauvais traitements infligés aux volatiles (oies ou canards) qu’on gave. La méthode est interdite en Suisse, mais l’importation de foie gras de France ou de Hongrie demeure autorisée, au grand dam des amis des animaux et de certains éleveurs.

En souvenir de la motion Aebischer

Lundi, le Conseil national a accepté une proposition de l’agriculteur Martin Haag (UDC/ZH) par 119 voix contre 61. Voilà qui ravive la polémique au Palais fédéral sur les différences gastronomiques entre la Suisse allemande et la Suisse romande. Certains élus du PLR soupçonnent le conseiller national socialiste Mathias Aebischer (PS/BE) d’avoir téléguidé cet élu UDC pour faire passer sa proposition débattue en 2017 et acceptée dans un premier temps par 99 voix contre 77 au National. «Mais, précise-t-il aujourd’hui, ma motion ne visait pas spécifiquement le foie gras. Je ne suis pas pour interdire. Cependant un pays qui interdit certaines méthodes de production non respectueuses des animaux ne devrait pas autoriser l’importation des produits qui en sont issus». Son texte visait aussi les cuisses de grenouilles ou des produits de pelleterie.

L’UDC qui craignait pour le cervelas

Lundi, le poids de l’UDC a été déterminant dans le soutien à l’interdiction. Ce qui surprend Emmanuel Amoos (PS/VS), qui a voté contre: «C’est étonnant que cette proposition vienne de ce parti. Durant la campagne sur l’initiative contre la publicité pour le tabac, elle a brandi la menace qu’on interdirait bientôt le cervelas ou le vin. Et voilà que c’est elle qui propose d’interdire le foie gras…»

«Ce qu’on est en droit de manger»

Le PLR a voté contre. Pour Frédéric Borloz (PLR/VD): «C’est complètement incohérent de la part de l’UDC. Cela démontre une méconnaissance du produit et des habitudes alimentaires en Suisse romande. C’est vrai, nous mangeons parfois des cuisses de grenouilles, des huîtres. et puis zut à la fin, c’est bon tout simplement!» L’ex-président des paysans, Jacques Bourgeois (PLR/FR), défend le particularisme romand: «En tant qu’épicurien, on sait ce qu’on est en droit de manger»

L’opinion évolue

Son compatriote Pierre-André Page (UDC/FR) a soutenu, lui, l’interdiction: «C’est une question de cohérence politique. On ne peut pas interdire en Suisse certains modes de production et autoriser l’importation de produits issus de ces méthodes. Il faut trouver des alternatives. Certains pays autorisent une production moins intensive. En France, certains producteurs ont déjà choisi cette voie». Mathias Aebischer constate aussi que les méthodes de production ont évolué avec des foies gras végétaux ou biologiques: «Depuis ma motion, je constate que l’opinion publique a évolué sur cette question, en Suisse romande aussi».

En 2017, le Conseil des États avait balayé par 37 voix contre 4 la motion du National. Qu’en sera-t-il cette fois? Suspense, probablement jusqu’à la prochaine session.

Ton opinion

17 commentaires