La droite du National vote des milliards pour l’armée

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Guerre en UkraineLa droite du National vote des milliards pour l’armée

Au lendemain du 24 février, les partis bourgeois ont appelé à booster le budget de l’armée. Ce lundi, le Conseil national a voté des milliards de francs d’ici 2030. La gauche dénonce de la précipitation.

Eric Felley
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Eric Felley
Au nom du Conseil fédéral, la cheffe de la défense, Viola Amherd, a défendu l’augmentation du budget pour accélérer la modernisation de l’armée suisse.

Au nom du Conseil fédéral, la cheffe de la défense, Viola Amherd, a défendu l’augmentation du budget pour accélérer la modernisation de l’armée suisse.

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Soutenue par les trois partis bourgeois – UDC, PLR et le Centre – une motion de la Commission de politique de sécurité (CPS) a été acceptée lundi au Conseil national par 111 voix contre 79 et 2 abstentions. Les verts libéraux, les verts et les socialistes s’y sont opposés. Le principe de cette motion est d’augmenter le budget de l’armée jusqu’à ce qu’il représente 1% du PIB du pays (soit 748 milliards de francs en 2020). Cette augmentation se fera progressivement dès 2023 pour atteindre l’objectif en 2030.

Lors de la session de printemps, quatre jours après le début des hostilités en Ukraine, le Parlement avait déjà abordé cette question. Lors du débat urgent du 16 mars, le conseiller national Damien Cottier avait déclaré «Nous avons baissé la garde». Ce lundi, la même impression s’est dégagée des débats. Le rapporteur de la CPS, Jean-Luc Addor (UDC/VS), constate que le caractère conventionnel de la guerre en Ukraine «a mis fin à certaines illusions».

La moitié de ce que demande l’OTAN

En rappelant le réarmement de l’Allemagne pour 100 milliards d’euros, le Valaisan a déclaré: «Nous avons trop longtemps négligé notre sécurité. Notre armée n’est plus en mesure de remplir sa mission». En 1990, la Suisse consacrait 1,34% de son PIB à la défense. Cette proportion est tombée à 0,67% en 2021. Résultat, l’armée suisse connaît des lacunes importantes: «Sur 17 bataillons, seuls dix peuvent être complètement équipés», a regretté le conseiller national en poursuivant: «1%, c’est toujours la moitié de ce que l’OTAN demande à ses membres»,

Des chauffages à gaz

En commission, la motion a été votée par 13 voix contre 9. Le Vaudois François Pointet (VL/VD) a défendu la minorité qui s’opposait à cette augmentation. Pour lui, la droite agit dans la précipitation en «mettant la charrue avant les bœufs». Il propose de ne pas céder à «l’émotionnel» causé par la guerre. Selon lui, le budget actuel de l’armée lui permet tout à fait de défendre la population helvétique, «à condition d’être plus efficiente». Sa collègue écologiste, Marionna Schlatter (V/ZH), a fait diversion: «Nous proposons de remplacer sur trois ans tous les chauffages à gaz pour ne plus dépendre du gaz russe avec 25’000 francs de subventions. Nous voulons exporter la paix et pas la guerre».

Pour Pierre-Alain Fridez (PS/JU) «Depuis le début des hostilités, la sécurité de la Suisse ne s’est pas détériorée et le risque d’être directement attaqué est faible. Pour attaquer la Suisse, la Russie devrait battre l’OTAN, qui s’est renforcée. Paradoxalement la situation de la Suisse est meilleure aujourd’hui qu’il y a trois mois. Nous sommes entourés de pays amis, avec qui il faut coopérer».

«Nous pourrons boucher des lacunes plus rapidement»

Cependant l’affaire était pliée à droite. Pour l’UDC David Zuberbühler (UDC/AR): «Nous ne savons pas quelle sera l’évolution de cette guerre, mais elle montre la nécessité d’une armée bien équipée. Il est essentiel de renforcer notre neutralité armée». Pour Rocco Cattaneo (PLR/TI): «Cette augmentation permettra de renforcer nos capacités des défenses et d’accélérer la modernisation de l’armée dans l’artillerie, l’infanterie et les blindés»

La conseillère fédérale Viola Amherd a finalement défendu la motion au nom du Conseil fédéral. Pour elle, La guerre en Ukraine n’a pas été «une surprise» dans la mesure où un risque était fort dans cette région. Sa priorité est bien entendu la protection de l’espace aérien helvétique avec l’achat des F-35 et du système sol-air Patriot. «En acceptant cette motion, nous pourrons boucher des lacunes plus rapidement», a-t-elle précisé en listant un certain nombre de domaines concrets. «C’est aussi la base d’une coopération internationale renforcée, a-t-elle dit. La Suisse doit participer à cette architecture sécuritaire en Europe, mais son armée doit être correctement équipée».

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