Attentat de Nice«Nous avons en face de nous des gens d’une totale insignifiance»
Jeudi, les avocats des victimes de l’attentat de Nice ont entamé leur deuxième journée de plaidoiries.
Les avocats des parties civiles se sont efforcés jeudi de mettre des accusés «d’une totale insignifiance» face à leurs responsabilités, au deuxième jour de leurs plaidoiries au procès de l’attentat de Nice qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016. «Nous avons en face de nous des gens d’une totale insignifiance», a souligné Gérard Chemla, un avocat de familles de victimes, en pointant, malgré les apparences, leur implication dans l’attaque au camion-bélier menée par le Tunisien Mohamed L.-B., abattu par la police au terme de sa course meurtrière.
Tout au long des débats, ouverts devant la cour d’assises spéciale de Paris depuis le 5 septembre, les sept des huit accusés présents (un est jugé en son absence), dont les trois hommes poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste (AMT), ont tenté de minimiser, souvent avec maladresse, leurs liens avec l’assaillant.
«Les meilleurs amis du monde»
Même si aucun des mis en cause n’est poursuivi pour complicité, l’enquête a mis en lumière les nombreux échanges téléphoniques ou sur les réseaux sociaux, les photos – y compris à bord du camion qui servira à l’attaque -, et vidéos partagées qui unissaient l’assaillant et les accusés Mohamed («Walid») G. et Chokri C. Le troisième accusé poursuivi pour AMT, Ramzi A., accusé d’avoir fourni une arme au chauffeur-livreur tunisien, était également son revendeur de cocaïne.
«Dans le box, nous avons les meilleurs amis du monde de Mohamed L.-B.», a résumé Me Chemla en dénonçant la stratégie de défense des accusés qui ont tous évoqué «un complot» du tueur de la promenade des Anglais pour les mettre injustement en cause.
«Je ne crois pas au complot»
Six minutes avant de lancer son camion sur la foule, Mohamed L.-B. avait envoyé un texto à Ramzi A., présentant Chokri C. et «Walid» comme des complices. Des photos avec ses «amis» ont été retrouvées à son domicile après l’attentat. Mais ces indices incriminants ne le sont que parce que Mohamed L.-B. a été tué au cours de l’attentat. Or, relève Me Chemla, «qu’est-ce qui nous permet de penser que la mort de Mohamed L.-B. était inscrite dans cet attentat?».
Avant d’entamer son parcours meurtrier, L.-B. «a pris le soin de mettre son vélo dans son camion». «Et si on se plaçait dans l’hypothèse où il voulait fuir?», interroge l’avocat. «Je ne crois pas au complot», assène-t-il. De toute évidence, il y a eu de la part des accusés «une connivence avec une personne partie sur un chemin qui pouvait l’emmener à un acte terroriste», plaide le conseil.
«Des lâches»
L.-B. était-il simplement «une connaissance», comme le prétend «Walid» G., se demande l’avocat Jordan Haddad. «Pour ma part, je préfère acolyte», soutient l’avocat. «Les accusés dans le box ne sont ni des fous, ni des marginaux», fait remarquer l’avocate Houde Zgaren avant de souligner que «la jubilation» après l’attentat est «leur point commun».
L’avocate, comme plusieurs de ses confrères, s’indigne des «mensonges à répétition» des accusés. «Je ne savais pas», «Je ne me souviens plus» ont été les mots les plus entendus dans leur bouche. C’est trop facile. Pour ma part, vous êtes des lâches», dit-elle en se tournant vers eux.
«Même les vérités les plus simples sont impossibles à élaborer» pour «Walid» G., dit Me Philippe Soussi en rappelant notamment qu’au cours des débats, l’accusé a été incapable de dire clairement où il avait rencontré son épouse. «Bien sûr que les mensonges ne fabriquent pas un coupable, mais quand même», soupire l’avocat.