DiplomatieBiden va rencontrer le controversé prince saoudien «MBS»
Le président américain rencontrera le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, malgré les accusations contre ce dernier concernant l’assassinat de Jamal Khashoggi.
![Joe Biden se rendra pour la première fois au Moyen-Orient en tant que président américain, du 13 au 16 juillet 2022. Joe Biden se rendra pour la première fois au Moyen-Orient en tant que président américain, du 13 au 16 juillet 2022.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/372f9320-adc4-4e5f-bbd3-c81e47cb1969.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1366&fp-x=0.5&fp-y=0.5&s=8036ecd7d284cc86a078d57d418c9f60)
Joe Biden se rendra pour la première fois au Moyen-Orient en tant que président américain, du 13 au 16 juillet 2022.
REUTERSLa Maison Blanche a mis un terme mardi à plusieurs semaines de spéculations en annonçant une tournée de Joe Biden en Israël, en Cisjordanie et en Arabie saoudite du 13 au 16 juillet. Le président américain effectuera ainsi un vol historique en se rendant directement d’Israël en Arabie saoudite, où il compte rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salmane («MBS»), malgré les accusations contre ce dernier concernant l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Pétrole au menu
Ce sera son premier déplacement au Moyen-Orient en tant que président des États-Unis. Les attentes sont grandes sur le fait que Joe Biden va chercher à obtenir des Saoudiens une augmentation de leur production de pétrole, afin d’arrêter la spirale haussière des prix des carburants et de l’inflation dans son pays où vont se dérouler les élections de mi-mandat en novembre. Un scrutin à risque pour son parti démocrate.
Pays «paria»
Quelle qu’en soit l’issue, sa rencontre avec le prince héritier saoudien «MBS», dirigeant de facto du royaume, va marquer un changement controversé de la diplomatie américaine. Pendant la campagne pour l’élection présidentielle de 2020, Joe Biden avait en effet affirmé que l’assassinat et le démembrement en 2018 de Jamal Khashoggi - un journaliste saoudien réfugié aux Etats-Unis critique des autorités saoudiennes, notamment dans ses articles pour le «Washington Post» - avait fait de l’Arabie saoudite un pays «paria».
Les conclusions des agences américaines du renseignement divulguées par l’administration Biden ont identifié le prince héritier comme étant le commanditaire de toute l’opération qui s’est déroulée en Turquie.
«Recalibrage des relations»
«Nous pouvons nous attendre à ce que le président voie le prince héritier» Mohammed ben Salmane lors de sa visite dans le royaume, a indiqué un haut responsable américain à la presse. «La politique américaine nécessitait un recalibrage des relations» après le meurtre de Khashoggi «mais pas une rupture». Il a souligné que l’Arabie saoudite était un partenaire stratégique des États-Unis depuis huit décennies et que quelque 80’000 Américains y habitent.
Selon la Maison Blanche, la «sécurité énergétique» sera un thème central de la visite du président sur le sol saoudien mais des responsables américains ont fait valoir que toute sa tournée comprenait des objectifs diplomatiques plus étendus.
Intense tournée
Joe Biden doit s’entretenir avec une dizaine de dirigeants pendant cette brève mais intense tournée, démontrant «le retour du leadership américain», a relevé un haut responsable américain à la presse. Ce voyage va s’ouvrir par une rencontre avec le Premier ministre israélien Naftali Bennett. Le président américain s’est rendu pour la première fois en Israël il y a près de cinquante ans, lorsqu’il était jeune sénateur.
Ils devraient évoquer le soutien des États-Unis à l’armée israélienne, en particulier son système de défense aérienne antimissiles Dôme de Fer, sur fond de tensions exacerbées par l’échec à revitaliser l’accord entre les grandes puissances et Téhéran sur son programme nucléaire. Joe Biden «va réaffirmer le ferme engagement envers la sécurité d’Israël», a indiqué le haut responsable, sous couvert d’anonymat.
«Solution à deux États»
Le président américain doit également rencontrer le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, probablement à Bethléem, selon cette source. Il va réitérer «son engagement durable en faveur d’une solution à deux États» pour les Palestiniens et pour les Israéliens et s’efforcer de restaurer les liens avec les autorités palestiniennes qui ont été «presque coupés» sous l’administration précédente de Donald Trump.
Vol historique
C’est en fin de tournée que le voyage doit marquer l’histoire, et faire couler le plus d’encre: le vol direct entre Israël et Djeddah, en Arabie saoudite, sera le premier d’un président américain vers un pays arabe ne reconnaissant pas l’Etat hébreu en partant du sol israélien. Son prédécesseur Donald Trump avait fait le trajet en sens inverse en 2017.