Football – Les arbitres ont le devoir de la défense

Publié

FootballLes arbitres ont le devoir de la défense

Après les décisions controversées de M. Piccolo dimanche, il est temps que les directeurs de jeu prennent la parole pour expliquer leurs coups de sifflet.

Valentin Schnorhk Saint-Gall
par
Valentin Schnorhk Saint-Gall

Yannick Michel/LM

Ce Saint-Gall – Servette n’était pas extraordinaire. Du moins en ce qui concerne le jeu. Autrement dit, par le passé, cette affiche a déjà livré d’autres prestations largement plus appréciables des deux côtés. Mais il n’y avait pas eu de véritable scandale arbitral, qui permette d’éclipser tout le reste. Sauf que les Brodeurs l’ont emporté 2-1 et qu’ils en doivent une belle à Luca Piccolo, l’arbitre de la rencontre.

Sa prestation de dimanche s’est donc signalée par deux événements majeurs: un penalty non sifflé après que Stillhart a shooté dans le pied de Rodelin et l’action du but décisif de Guillemenot, au début de laquelle Diakité est intervenu plus que durement sur Schalk. Pas besoin d’aller plus dans les détails, les images de ces situations sont désormais visualisées de tous. M. Piccolo risque de les revoir et de les regretter longtemps: on peut penser que sa performance ne restera pas sans conséquence.

«Que les arbitres s’expliquent»

Au niveau médiatique et sur les réseaux sociaux, il a de toute façon déjà eu droit à son procès. Sans surprise. Sauf que le tribunal va là à sens unique. Le jeune Tessinois, de loin pas le pire des directeurs de jeu helvétiques, n’a pas le droit à la défense. Alain Geiger l’a largement déploré dimanche soir: «La VAR décide des matches, a tranché le technicien servettien. Que les arbitres s’expliquent! Nous avons besoin de savoir. Nous avons besoin de plus de précisions. Nous, nous voyons certaines choses, eux, ils en voient d’autres. C’est systématiquement problématique avec la VAR. Nous n’arrivons pas à comprendre la décision des arbitres.»

Même s’il ne s’est pas privé de donner son avis au préalable sur l’action, l’entraîneur des Grenat a semblé surtout excédé par l’esprit de clocher et de fermeture qu’est celui de l’arbitrage suisse. La spécificité n’est pas propre à notre contrée, il se répercute partout. C’est regrettable. Geiger, dans son allocution, ciblait sans doute l’impossibilité d’avoir un dialogue en tête à tête. C’est son intérêt. Mais le public en a un autre: à quand des prises de paroles médiatiques des arbitres après les matches? Joueurs, entraîneurs, dirigeants, ils y passent tous. Pourquoi les directeurs de jeu en sont-ils préservés?

Démarche de transparence

Pour ne pas accentuer la polémique? Sans doute. Mais la pédagogie ne passe-t-elle pas par la prise de parole? Était-il vraiment inimaginable que M. Piccolo vienne expliquer les critères qu’il a mobilisés pour prendre les décisions qu’il a prises durant la rencontre? Démarche de transparence, rien de plus. On sait que Christophe Girard, le président de la Commission des arbitres de l’ASF, est ouvert à une telle approche, lui qui s’efforce d’intensifier la communication sur l’arbitrage. Mais est-ce toujours au grand patron de procéder au service après-vente?

Il devient légitime de se poser la question. Prendre une décision, c’est assumer une responsabilité. Être à même de la justifier et de l’expliquer en public, c’est asseoir sa légitimité. Qu’importe qu’elle soit a priori juste ou mauvaise (les décisions de M. Piccolo ne ravissent pas ses patrons, en l’occurrence). Dans un football où la polémique est toujours facile, où la VAR ne parvient pas à l’atténuer, la force de persuasion et de conviction dispose peut-être d’un pouvoir inégalable pour rappeler que l’arbitrage est une discipline complexe. Et après dix journées chaotiques, les arbitres suisses ont le devoir d’assumer.

Ton opinion