InterviewManu Rios: «La liberté d’expression de Pedro Almodóvar m’a toujours inspiré»
L’acteur a explosé grâce à son rôle dans la série «Élite» et a été dirigé par le réalisateur espagnol dans le court-métrage «Strange Way of Life», qui est diffusé au festival Everybody’s Perfect à Genève.
- par
- Fabio Dell'Anna Cannes
Manu Rios est le phénomène espagnol du moment. Connu du grand public grâce à son rôle de Patrick Blanco dans la série «Élite» diffusée sur Netflix, il est aussi l’un des influenceurs les plus suivis de son pays, avec 11 millions d’abonnés sur Instagram.
En parallèle, il fait carrière dans la mode, chante, joue de la guitare et du piano. Tout lui réussit. Pas étonnant que cette gueule d’ange est aussi de plus en plus appréciée à l’écran. On a pu voir ce comédien dans le feuilleton «El Silencio» ou, plus récemment, dans «Strange Way of Life» de Pedro Almodóvar.
Pour ce projet, Manu Rios, tient un petit rôle, mais n’en revient toujours pas d’avoir été choisi pour jouer dans le deuxième film en anglais du célèbre réalisateur. «C’est complètement fou», nous lâche-t-il sur la terrasse d’un hôtel de la Croisette, lors du dernier Festival de Cannes. À ses côtés dans le court-métrage, Ethan Hawke et Pedro Pascal se retrouvent après s’être perdus de vue depuis vingt-cinq ans.
Des sentiments amoureux refont surface entre les deux hommes et le résultat donne un western gay qui va s’amuser avec les codes de la virilité. «Strange Way of Life» est d’ailleurs diffusé les 6, 8 et 13 octobre lors de la 10e édition du festival de cinéma queer Everybody’s Perfect, à Genève. «Je suis ravi de voir que le film attire l’attention de plusieurs festivals», commente Manu Rios avant de nous en dire plus sur son rôle.
Pouvez-vous nous parler de votre personnage dans «Strange Way of Life»?
Mon rôle est celui d’un chanteur de fado. Il ouvre l’histoire et est un peu comme le narrateur. On ne me voit pas très longtemps, mais cela reste un moment spécial. Le personnage est aveugle et tout le jeu d’acteur se passe dans la gestuelle. Quand Pedro Pascal arrive à mes côtés, c’est comme si je savais que quelque chose allait se passer.
Pourquoi avoir accepté un si petit rôle?
Pour Pedro Almodóvar, évidemment. (Rires.) L’un de mes films préférés est «Femmes au bord de la crise de nerfs». Je viens d’une petite ville en Espagne (ndlr: Calzada de Calatrava) et cela était un peu difficile de pouvoir s’exprimer aussi librement qu’aujourd’hui. Pedro Almodóvar a toujours été lui-même et cela m’a beaucoup inspiré. Il est l’une de mes plus grandes influences et mon réalisateur préféré.
Comment avez-vous postulé pour le film?
Je ne savais pas que je postulais pour ce rôle. Mon agence m’a appelé et m’a dit que ce casting était top secret. Lorsque j’ai appris pour quel projet j’avais été sélectionné, j’étais à la fois nerveux et excité. Ce n’est pas un western typique. Il s’agit d’une histoire d’amour entre deux hommes matures qui sont si ouverts et touchants à travers leurs émotions. Chaque détail compte. Sur le plateau, j’écoutais tout ce qu’on pouvait me dire.
Vous avez toujours apprécié la comédie?
Enfant, j’ai commencé par danser et chanter. J’ai participé à plusieurs comédies musicales. La comédie est venue sur le tard. Bien que petit, je forçais toujours mes amis à réaliser des films à la maison. Je disais: «Tu vas avoir tel rôle, tu vas faire ceci et cela.»
Vous avez explosé à la télévision grâce à votre participation à la série «Élite» sur Netflix. Comment avez-vous vécu cette expérience?
Je suis arrivé à la quatrième saison. Je savais que c’était un grand projet, mais je ne m’attendais pas à un tel engouement. Cela a changé ma vie et m’a apporté beaucoup de positif. Je ne serais pas là aujourd’hui sans le rôle de Patrick. Mais j’ai dû affronter quelques points négatifs également… Ou plutôt de la pression. J’ai pu participer à trois saisons extraordinaires. J’ai beaucoup appris, mais j’ai senti qu’il était temps de passer à autre chose. C’est pour cela qu’il était préférable d’arrêter Aujourd’hui, je suis vraiment en paix avec mes décisions.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite?
D’avoir une longue carrière et de continuer à travailler pour des projets fantastiques. Je suis ouvert. Cela peut être dans la chanson, le théâtre ou encore le cinéma. Je n’aime vraiment pas me limiter. J’ai envie d’avoir un grand rôle dans un long-métrage aussi. Je suis obsédé par Luca Guadagnino (ndlr: réalisateur notamment de «Call Me By Your Name»). J’ai vu tous ces films et je l’ai rencontré il y a quelques mois. Il est très sympa. Ce serait un rêve de collaborer avec lui.
Le festival Everybody’s Perfect
Chaque année en octobre aux Cinémas du Grütli, à Genève, le festival Everybody’s Perfect se déploie sur 10 jours, articulés autour des grands thèmes liés aux personnes LGBTQIA+. L’événement inclut performances, expositions, ateliers, musique, soirées, séances de cinéma et discussions.
Festival Everybody’s Perfect à Genève du 6 au 15 octobre 2023