États-UnisLa Cour suprême n’a pas trouvé qui a fait fuiter son arrêt sur l’avortement
La plus haute juridiction américaine n’a pas réussi à identifier la source qui avait révélé le projet d’arrêt annulant Roe v. Wade, remettant ainsi en cause le droit à l’avortement.
La Cour suprême des États-Unis a annoncé jeudi, ne pas avoir identifié l’auteur de la fuite de son arrêt historique sur l’avortement, après plus de huit mois d’une enquête méticuleuse. Le 2 mai 2022, le journal «Politico» avait annoncé que la plus haute juridiction américaine s’apprêtait à dynamiter le droit à l’avortement et avait publié l’avant-projet de sa décision.
Enquête interne
Cette fuite sans précédent avait fait l’effet d’une bombe à Washington et suscité d’importantes manifestations des défenseurs du droit à l’IVG. Elle avait également secoué les milieux judiciaires tant la haute Cour est connue pour protéger jalousement le secret de ses délibérations. Dénonçant «une trahison», son chef John Roberts avait immédiatement ordonné une enquête interne pour trouver l’origine de la fuite.
«Après des mois d’une analyse minutieuse des preuves et l’interrogatoire de près de 100 employés», les enquêteurs ont conclu qu’«il n’y avait pas besoin d’une enquête plus poussée concernant la majorité des 82 employés qui avaient eu accès à l’avant-projet d'arrêt», écrit la Cour, dans un communiqué. «Certains employés» ont été interrogés à nouveau, «mais l’équipe est incapable à ce jour d’identifier la personne responsable avec suffisamment de preuves.»
La Cour précise avoir sollicité le juge fédéral et ancien ministre de la Sécurité intérieure, Michael Chertoff, pour avis, mais celui-ci n’a pas repéré d’éléments d’enquête «supplémentaires» susceptibles de faire avancer les investigations. Le rapport d’enquête, rendu public jeudi, ajoute qu’il est «improbable qu’une personne extérieure à la Cour ait pu gagner accès à ses systèmes informatiques.»
Faille due au télétravail?
Le développement du télétravail pendant la pandémie a «créé un environnement dans lequel il est trop facile d’emporter des informations sensibles en dehors du bâtiment et des serveurs de la Cour», soulignent ses auteurs en recommandant de resserrer les procédures.
L’ancien président Donald Trump a réagi en réclamant dans un message sur son compte du réseau social Truth Social que les reporters de «Politico» révèlent leurs sources ou bien soient mis «en prison jusqu’à ce qu’ils donnent une réponse». «Arrêtez de jouer, cette fuite ne peut être autorisée à se produire… Arrêtez le reporter, le directeur de publication, le rédacteur en chef – vous aurez vite la réponse», a-t-il ajouté.
Garantir la liberté de la presse
Dans un communiqué envoyé uniquement à «Politico», la Maison-Blanche, qui a condamné les commentaires de Donald Trump, a estimé que «la liberté de la presse est une partie des fondements de la démocratie américaine», selon le média américain. «Appeler à des abus de pouvoirs scandaleux en faveur de la suppression des droits constitutionnels des reporters est une insulte à l’État de droit et sape les valeurs américaines fondamentales et les traditions», a écrit le porte-parole, Andrew Bates, dans un communiqué.
Le 24 juin, conformément à ce qu’avait annoncé «Politico», la Cour suprême a annulé son arrêt Roe v. Wade qui, depuis 1973, garantissait le droit des femmes à interrompre leur grossesse. Depuis, une quinzaine d’États ont totalement interdit d’avorter sur leur sol.
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