L’homme qui a trouvé la main d’or est devenu aiguiseur

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Jura bernoisL’homme qui a trouvé la main d’or est devenu aiguiseur

Massimo Beck a passé ses loisirs à chercher du métal dans les pâturages, mais après une découverte inestimable, il affûte des couteaux.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

On l’avait quitté empêtré dans sa main d’or, un vestige que ce détectoriste a découvert à Prêles (BE) avec un collègue en 2017, considérée comme le plus vieil objet anthropomorphique d’Europe et présentée au British Museum et dans le dans le National Geographic. Massimo Beck cherchait tous les métaux enfouis dans un champ et a découvert le vestige archéologique. Il aurait pu vendre sa relique à prix d’or, mais il l’a remise au service archéologique, ce qui lui a valu une condamnation.

Cinq ans plus tard, établi à Courtelary (BE), Massimo Beck a rangé ses loisirs dans un tiroir. Il n’en a conservé que quelques canifs et comme si le métal était le fil conducteur de son existence, il aiguise désormais des couteaux dans une roulotte pendant les marchés de Bienne et de St-Imier, mais aussi et surtout des cuisines comme celle du Gstaad Palace et de l’hôtel-restaurant Du Cerf à Sonceboz, chez le chef Jean-Claude Soldati.

Cinq infractions

Quelle destinée pour la main d’or, mais aussi pour Massimo, condamné en 2019 à 2500 francs d’amende pour cinq infractions à la loi sur la protection du patrimoine parce qu’il ne disposait pas d’une autorisation pour effectuer une fouille archéologique, ce qu’il dément avoir fait.

Flancs rayés

Ses clients sont de tous horizons, entre celui qui bouchoie son bétail et celle qui fait de la couture. «Le temps de faire leurs commissions et les couteaux sont prêts», assure Massimo Beck. Couteau, cisailles, serpes ou sécateurs: les flancs rayés sont réparés et les angles sont respectés.

Son secret pour des lames en aciers fines ou dentelées réside dans ses courroies abrasives, des backstands dédiées à la coutellerie. «Entrepreneur, c’est un métier à risque: il faut avoir confiance en soi et en la vie». Pour prouver l’efficacité de son affûtage, il coupe du papier ou rase les poils de son bras gauche, comme avec une lame de rasoir.

Facile à recoudre

«Un couteau n’est jamais trop aiguisé», assure Massimo Beck. C’est le contraire: «Avec un couteau pas assez aiguisé, tu forces, tu glisses et tu te coupes». L’aiguiseur éclate de rire: «Quand tu te coupes avec un couteau bien aiguisé, la plaie est plus facile à recoudre.»

Depuis qu’il a racheté la société «Microschliff», le détectoriste reconverti a déjà affûté un précieux sabre japonais appelé Katana, mais aussi des couteaux de poches. Avec un forgeron de Malleray, il se prépare à confectionner un couteau sensationnel, inspiré par son expérience passée et réalisé avec… une météorite!

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