Football: À défaut du spectacle, Servette continue de servir son bilan comptable

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FootballÀ défaut du spectacle, Servette continue de servir son bilan comptable

Contre Winterthour, les Grenat n’ont à nouveau pas été reluisants. Une victoire 1-0, qui doit toutefois appeler certaines réflexions.

Valentin Schnorhk
par
Valentin Schnorhk Genève
Alain Geiger peut être serein: Servette engrange des points.

Alain Geiger peut être serein: Servette engrange des points.

BASTIEN GALLAY / LPS

Cette moyenne-là est une moyenne de champion. Servette a récolté huit points en quatre matches, et c’est le signe d’un début de saison réussi. Le contenu, lui, nuance l’analyse: il y a là plutôt une saison entamée avec de la réussite. Parce que la production globale n’a rien d’enthousiasmante. Mais le succès 1-0 de samedi soir contre Winterthour donne du crédit à l’approche restrictive. En l’état, les Grenat n’ont pas de raison de s’en plaindre.


Les trois enseignements

  • Après quatre matches, il n’y a plus lieu d’être surpris: à Servette cette saison, on ne fait pas l’apanage du beau. Au contraire, c’est une ode au pragmatisme, pour ne pas dire au conservatisme, qui se chante depuis quelques semaines. Tant que l’approche fonctionne, elle se justifie. Sauf que contre Winterthour, cela ne s’est joué qu’à un penalty sifflé à la 80e minute.

  • Ce qui rend pour l’instant l’approche servettienne pertinente, c’est cette imperméabilité, cette capacité à concéder très peu d’occasions de qualité, à l’exception du déplacement à Bâle il y a deux semaines. Samedi, Winterthour n’a jamais mis en danger Jérémy Frick. Il n’a pas non plus beaucoup essayé, mais ses quelques amorces de transition ont été très rapidement coupées. Il s’agira de se soumettre au révélateur de Young Boys la semaine prochaine pour renforcer cette conviction.

  • Même si cela fonctionne, il est raisonnable de penser que l’approche servettienne a ses limites. Et contre Winterthour, avec une possession de balle largement majoritaire (63%-37%), on était en droit d’attendre autre chose. Servette a besoin de variété, notamment dans le secteur offensif. À savoir des appels différents, des profils qui varient avec ceux habituellement alignés (celui de Fofana a changé la donne) mais également des concepts nouveaux en phase offensive. Surtout avec l’absence pour plusieurs semaines de Chris Bédia, touché à l’orteil.


L’homme qui a changé le match: Boubacar Fofana

BASTIEN GALLAY / LPS

C’est une donnée: il y a un avant et un après l’entrée de Boubacar Fofana dans cette partie. Il n’a pas tout réussi, loin de là. C’est son jeu, et c’est aussi là-dessus qu’il est attendu: provoquer l’adversaire par le dribble. À un moment où Servette ne déséquilibrait plus grand-chose, ses prises de balle ont contraint Winterthour à défendre différemment. Jusqu’à la faute de Lekaj, menant au penalty décisif.


Le moins bon: Moussa Diallo

BASTIEN GALLAY / LPS

Les limites de Moussa Diallo sont connues. Si sa percussion n’est habituellement pas un problème, il n’a pas beaucoup de peine à reconnaître son déficit technique, un aspect qu’il travaille. Sauf que dans ce Servette-Winterthour, avec un bloc adverse si bas, son activité n’a pas été à la hauteur. Ce sont notamment ses appels qui auraient dû créer des espaces pour ses partenaires. Ils ont été trop contenus et le côté droit a peiné à déstabiliser la défense zurichoise. Et lorsqu’en plus les transmissions ne passent pas, alors cela se voit un peu trop.


La décla’

«Nous sommes conscients que nous ne marquerons pas trois buts par match, alors nous ne pouvons pas nous permettre d’en prendre un ou deux.»

Alain Geiger, entraîneur de Servette

Le fait tactique

Deux images ne racontent pas mille maux, mais elles permettent d’illustrer les difficultés servettiennes à manœuvrer et désunifier le bloc bas zurichois. Une telle configuration (où Winterthour densifie l’axe) impose bien sûr de passer par les côtés, de contourner le bloc. Sauf qu’on aurait pu espérer que ces ballons vers les ailes soient des signaux suffisamment clairs pour déclencher des appels complémentaires et coordonnés.

Là où on aurait pu attendre des appels en profondeur combinés à des décrochages dans le demi-espace, on a surtout eu un Servette statique, plus ou moins proche du porteur de balle, avec une activité très limitée. Du petit-lait pour les Zurichois.


La statistique

0, comme le nombre de grosse occasion (plus de 0,20 Expected Goal) que s’est créé Servette, à l’exception du penalty de Pflücke. Pourtant, les Grenat ont frappé 13 fois au but. Mais jamais dans des positions de frappe très favorable.


Une question pour penser l’avenir

Philippe Senderos, le directeur sportif servettien.

Philippe Senderos, le directeur sportif servettien.

BASTIEN GALLAY / LPS

La blessure de Chris Bedia va-t-elle enfin servir de déclencheur au mercato servettien?

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