FootballPour Mancini et l’Italie, l’avenir recommence en Turquie
Cinq jours après leur élimination en barrage de la Coupe du monde 2022, les deux pays disputent le plus triste et improbable des matches amicaux ce mardi soir (20h45).
- par
- André Boschetti
Ce lundi, la délégation italienne a mis le cap sur une destination beaucoup plus à l’est que celle qu’elle espérait. Au lieu de prendre la direction de Porto pour y affronter le Portugal dans un match couperet afin d’arracher sa qualification pour la Coupe du monde au Qatar, Roberto Mancini et ce qu’il reste de cette Squadra azzurra humiliée par la Macédoine du Nord ont rejoint Konya pour y défier la Turquie, autre grande battue de ce premier tour des barrages européens (coup d’envoi ce mardi soir à 20 h 45).
Même si toute l’Italie est encore sous le choc de cette deuxième participation manquée consécutive à une phase finale de Coupe du monde, il est déjà temps de préparer l’avenir. Ces derniers jours, la première interrogation concernait Roberto Mancini. Si son prédécesseur, Giampiero Ventura, avait été désigné comme le principal coupable de l’échec en barrage face à la Suède, en automne 2017, celui qui avait conduit les Azzurri à la conquête du deuxième titre européen de son histoire il y a moins d’un an a d’emblée été blanchi par la presse et l’opinion publique italienne.
Fin du suspense mardi soir?
Abattu par ce qu’il considère comme «le plus grand échec de sa carrière», Roberto Mancini a dit vouloir réfléchir jusqu’à mercredi avant d’annoncer publiquement s’il entendait, ou pas, honorer le contrat qui le lie à la Fédération italienne jusqu’en 2026. Un suspense qui a probablement pris fin lundi déjà. Lors de sa première intervention depuis cette débâcle, il a en effet laissé penser qu’il était prêt à relever de nouveaux défis avec l’Italie. «J’ai parlé avec le président Gravina, a-t-il dit avant de s’envoler pour la Turquie, et j’ai eu le plaisir de constater que nous partagions les mêmes idées sur tous les points. On reparlera calmement après le match de ce qu’il faut améliorer pour le futur.»
Un peu plus tard, Mancini se projetait toutefois déjà très clairement vers l’avenir. «Nous devons repartir vers un nouveau cycle. Des matches importants nous attendent et l’occasion sera idéale pour lancer des jeunes dès la phase qualificative de la Ligue des Nations. Mais pour cela, il est fondamental qu’ils obtiennent davantage de temps de jeu au sein de leur club.»
Pas de confiance dans les jeunes
Un message fort que les dirigeants des principaux clubs italiens auront certainement écouté mais pas entendu. Avant 23-24 ans, il est en effet très rare qu’un jeune Italien soit estimé prêt à affronter la pression qui pèse sur les épaules des joueurs de la Juventus, de Naples ou des deux clubs milanais et romains.
International M21 et grand espoir du Calcio, Nicolò Fagioli résume d’ailleurs parfaitement les difficultés rencontrées par les jeunes transalpins. Formé à la Juventus et tenu pourtant en grande estime par Massimiliano Allegri, il a dû émigrer, cette saison, à la Cremonese, en Série B, pour bénéficier de beaucoup de temps de jeu.
«En Espagne, en Angleterre, en Allemagne et en France, les jeunes jouent beaucoup plus qu’en Italie, analyse le talentueux milieu de terrain. Chez nous, tout est plus compliqué. Si un jeune prometteur fait ses premiers pas dans un top club et passe à côté d’un match ou deux, il finit tout de suite dans l'œil de la critique. On dit alors de lui qu’il est préférable qu’il aille d’abord faire ses gammes dans les séries inférieures. Dans un tel contexte, il devient difficile pour un entraîneur de l’aligner régulièrement afin qu’il prenne peu à peu confiance et gagne en régularité.»
Le talent ne manque pourtant pas
Un problème de mentalité qui apparaît aujourd’hui long et compliqué à résoudre, dans un pays où la culture du résultat immédiat prévaudra toujours. Malgré cela, Roberto Mancini semble déterminé à bâtir l’avenir autour de jeunes qui ne manquent ni de talent ni d’audace, malgré un système de formation qui compte beaucoup de retard sur les meilleurs du continent.
Autour des anciens incontournables que sont Verratti, Bonucci et autre Jorginho, l’Italie possède avec Donnarumma (PSG), Zaniolo et Pellegrini (Rome), Locatelli (Juventus), Tonali (Milan), Barrella (Inter), Raspadori ou Scammacca (Sassuolo) assez d’éléments talentueux pour qu’il n’y ait pas un troisième traumatisme en automne 2025.