Porrentruy (JU)En colère, il veut tronçonner un sapin de Noël jugé trop moche
Seule une panne de tronçonneuse a empêché un sculpteur d’intervenir en plein jour contre ce qu’il appelle «un sapin de Tchernobyl».
- par
- Vincent Donzé
Le sapin installé mercredi devant l’Hôtel-de-Ville de Porrentruy par la bourgeoise n’a pas plu à tout le monde en raison de… sa laideur. Un sculpteur a même saisi sa tronçonneuse pour faire tomber le conifère: seule une panne l’en a empêché.
«Ce sapin vient tout de droit de Tchernobyl», a fustigé le sculpteur Hervé Bénard (58 ans). Après un aller-retour à son atelier, quatre policiers l’attendaient au pied du sapin. «Tu ne le coupes pas, hein?», lui a demandé le commissaire Dominique Vallat.
Magie de Noël
Pour Hervé Bénard, connu pour un dinosaure synthétique grandeur nature posé sur un giratoire, c’en était trop: «Je ne fête pas Noël mais tous ceux qui ont été confinés en méritent la magie».
Le problème pour la bourgeoisie, c’est que son garde-forestier n’a pas pu se déplacer dans la forêt pour faire un choix judicieux: ce professionnel était placé en quarantaine. Le sapin choisi s’est vite révélé inadéquat: «Une fois sur place, on a remarqué qu’il était moche», a confié au «Quotidien Jurassien» le président de la bourgeoisie Francis Nicol.
«Balai de chiotte»
«En forêt, ce n’est pas facile de déterminer quel arbre se prête à une certaine utilisation», a expliqué Francis Nicol. La colère du mécontent n’est pas retombée: «Ils mettront quoi la prochaine fois? Un balai de chiotte?», s’emporte le sculpteur.
Ancien hockeyeur en ligue nationale, grand baroudeur, Hervé Bénard s’est forgé un solide caractère au Vietnam et au Canada mais aussi en traversant l’Amérique du Sud à vélo. «Les gens se laissent faire… Mais, moi, j’ouvre ma gueule, je passe à l’action!», annonce le sculpteur éloigné de ce qu’il appelle «les artistes de la confrérie politique».
«Je suis un garde-fou!», clame le sculpteur. Mercredi, il a saisi sa tronçonneuse à 14 heures. «Je n’interviens pas la nuit mais en plein jour, devant tout le monde», affirme Hervé Bénard.
Le sapin moche a été remplacé hier. «Maintenant, il est magnifique, il a rarement été aussi beau», a indiqué Francis Nicol au «Quotidien Jurassien». «C’est la preuve que j’avais raison», commente Hervé Bénard. Pour son sabotage manqué, le sculpteur ne sera pas poursuivi.