ÉconomieLe marché mondial du luxe retrouve son rythme de croisière
Selon une étude, le marché du luxe devrait atteindre 1500 milliards d’euros de ventes cette année, soit une hausse de 8 à 10% par rapport à 2022.
Après des années d’euphorie post-pandémie, le marché mondial du luxe marque le pas cette année mais devrait tout de même atteindre 1500 milliards d’euros de ventes en 2023 et retrouver son rythme de croisière, avec une croissance à un chiffre, selon une étude du cabinet de conseil Bain and Company.
«Le marché mondial du luxe devrait atteindre 1500 milliards d’euros en 2023, soit une croissance de 8 à 10% par rapport à 2022, atteignant ainsi un nouveau record pour le secteur», estime l’étude publiée mardi, et réalisée en partenariat avec la Fondation Altagamma qui réunit les grands noms du luxe italien. «En dépit d’éventuelles turbulences», le marché devrait continuer à croître jusqu’en 2030, à hauteur de 5 à 7% par an, estime l’étude.
Dynamisme du segment des «biens de luxe personnels»
En 2023, le segment des «biens de luxe personnels» qui regroupe la mode, la maroquinerie, la joaillerie, l’horlogerie et la beauté continue de progresser et devrait atteindre 362 milliards d’euros de ventes, d’ici à la fin de l’année. «On est sur un taux de croissance décéléré de 4%», reconnaît Joëlle de Montgolfier, directrice du pôle luxe chez Bain and Company.
«C’est un segment qui reste très dynamique, même si on ne pouvait pas rester dans la foulée des deux dernières années avec des taux de croissance qui excédaient 20%», poursuit-elle. «On se normalise, on revient sur des taux de croissance habituels de la catégorie». Et ce, avec «des taux de rentabilité du luxe extrêmement favorables en 2023, de 19 à 22% en moyenne».
Moins de possessions, plus d’expériences luxueuses
La tendance d’avant-Covid est de retour avec «des clients du luxe qui recherchent de plus en plus, non pas la possession d’un produit, mais l’expérience, le moment privilégié», selon Joëlle de Montgolfier, avec des progressions de 14% de cette partie «expérience» dans l’hôtellerie, 10% dans la restauration, 113% dans les croisières de luxe.
Géographiquement, toutes les régions progressent à l’exception des Amériques qui, bien qu’elles se disputent la place de premier marché mondial du luxe avec l’Europe, reculent de 8%, notamment pour cause d’incertitude macroéconomique aux États-Unis.
Le marché chinois, qui croît de 9%, réalise une «performance en demi-teinte», selon Joëlle de Montgolfier. Cependant, les touristes chinois ont tiré la croissance de la région (Japon, Hong Kong, Macao). À l’horizon 2030, le marché chinois devrait représenter entre 35 et 40% du marché mondial du luxe et prendre ainsi la première place, pronostique l’étude.
Les marques phares s’en tireront mieux que les autres
Sur l’échiquier des marques de luxe, la croissance «ne sera pas pour tout le monde», souligne Joëlle de Montgolfier. Quand le marché est très porteur, «toutes les marques arrivent à faire de la croissance», explique-t-elle. À l’avenir, les marques phares s’en tireront mieux que les autres et Bain and Company anticipe «une nouvelle vague de fusions-acquisitions motivée par la nécessité de faire face aux principaux défis du secteur».
«Cette année (…) cela devient plus sélectif et ce sont les meilleures marques qui tirent leur épingle du jeu», selon Joëlle de Montgolfier. Pour la suite, «cela va décanter entre ceux qui sont des marques exclusives, désirables, que les clients viennent toujours chercher (…) et tous ceux qui bénéficient de l’effet queue de comète et pour qui cela va devenir plus compliqué».