Londres/MaputoCredit Suisse sera jugé pour son rôle de prêteur au Mozambique
La Haute Cour de Justice de Londres va disséquer les actes du numéro 2 bancaire suisse dans un montage financier international tenu secret.
- par
- Marion Emonot
Prenez des investisseurs internationaux. Transmettez leur argent à des sociétés étatiques mozambicaines via des banques renommées, telles que Credit Suisse ou la russe VTB Capital, pour financer le développement de la pêche au thon. Secouez en silence, car ni le parlement ni le peuple ne sont informés et arrosez quelques fonctionnaires pour qu’ils tiennent leur langue. Vous avez là les ingrédients de l’affaire «Tuna Bonds», un montage de 2 milliards de dollars, dont devra répondre le numéro deux bancaire suisse, entre autres établissements, nous apprend ce mercredi le Financial Times, cité par Le Temps.
Ce sont les banques portugaise Banco Comercial Portuguès et africaine United Bank for Africa qui lancent les poursuites contre Credit Suisse, l’Etat mozambicain et une des entreprises étatiques de ce pays d’Afrique australe ayant potentiellement profité de ces crédits à la pêche au thon, au cours desquels d’importantes sommes ont disparu.
Treize jours de procès
Le géant bancaire helvétique verra son rôle disséqué durant 13 jours de procès en septembre 2023 par la Haute cour de Justice de Londres. L’acte d’accusation part de l’hypothèse que 200 millions de dollars de ces prêts auraient notamment fini en pots-de-vin tandis que la même somme se serait évaporée en cours de route.
Credit Suisse n’a pas répondu aux sollicitations du «Temps» qui rappelle qu’en janvier 2019, trois de ses ex-employés ont plaidé coupables de corruption et de blanchiment à New York, où ils comparaissaient individuellement aux côtés d’un ancien ministre des Finances du Mozambique, dans une procédure liée à la même affaire.