VietnamEmprisonnés pour avoir empoché des millions sur le dos du Covid
Des fonctionnaires ont profité des vols de rapatriement pendant la pandémie pour se verser des pots-de-vin. Résultat: certains finiront leur vie en prison.
Un tribunal vietnamien a infligé de lourdes sentences à 54 fonctionnaires et hommes ou femmes d’affaires accusés de corruption liée aux vols de rapatriement pendant la pandémie de Covid-19, un scandale qui a eu de fortes répercussions politiques. Le total des pots-de-vin versés dans cette affaire atteint 9,5 millions de dollars.
Le procès, qui s’est tenu à Hanoï durant plus de deux semaines, s’inscrit dans le cadre d’une grande offensive anticorruption qui a provoqué la chute de plusieurs ministres et la démission du président Nguyen Xuan Phuc en début d’année, dans ce pays où le moindre changement politique est habituellement soigneusement orchestré. Un nouveau président, Vo Van Thuong, a été désigné au mois de mars.
Les 54 accusés ont été jugés coupables d’avoir reçu, offert ou favorisé des pots-de-vin en jouant les intermédiaires, ainsi que d’avoir commis des fraudes grâce à leur position, ont estimé les juges dans leur verdict vendredi.
«Je ne pensais pas à mal»
Quatre anciens hauts responsables aux ministères des Affaires étrangères, de la Santé et de la Sécurité publique ont été condamnés à l’emprisonnement à vie. Dix hommes d’affaires et des civils ont reçu des peines avec sursis. «L’argent de la corruption était largement supérieur au revenu moyen des fonctionnaires», souligne le jugement selon lequel les fonctionnaires ont abusé de leur position et de la pandémie «pour des bénéfices personnels».
Parmi les hauts fonctionnaires condamnés vendredi figurent To Anh Dung, ancien ministre adjoint des Affaires étrangères, Nguyen Quang Linh, ex-adjoint au vice-premier ministre, et Pham Trung Kien, ex-secrétaire du ministre adjoint de la Santé.
Le premier a été condamné à perpétuité pour avoir reçu 253 pots-de-vin en 11 mois, totalisant 1,8 million de dollars. Le second, condamné à 16 ans de prison, a reconnu avoir reçu quelque 910’000 dollars de pots-de-vin pour ajouter des compagnies à la liste de transporteurs. «À l’époque, je ne pensais pas avoir fait quoi que ce soit de mal», a-t-il dit.
Procédures longues et onéreuses
Début 2020, le Vietnam s’était coupé du monde pour ralentir la propagation du coronavirus et avait organisé près de 800 vols charters pour rapatrier des ressortissants depuis plus de 60 pays et territoires.
Les voyageurs ont affronté des procédures complexes et réglé des coûts de transport et de quarantaine exorbitants pour regagner leur pays, selon des informations officielles et sur les réseaux sociaux.
Une mère de famille de Hanoï, qui a requis l’anonymat, a dit à l’AFP avoir dû payer jusqu’à 12’000 dollars pour sa fille adolescente afin de la ramener au Vietnam depuis son pensionnat en Europe.