Etats-Unis: Tuerie au Texas: un enseignant blessé traite les policiers de «lâches»

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États-UnisTuerie au Texas: un enseignant blessé traite les policiers de «lâches»

Lors du massacre, les policiers avaient longuement attendu des renforts. «Impardonnable», pour Arnulfo Reyes, qui a perdu 11 élèves.

Renaud Michiels
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Renaud Michiels
Enseignant dans l’école d’Uvalde, Arnulfo Reyes a été touché par deux fois par le tueur.

Enseignant dans l’école d’Uvalde, Arnulfo Reyes a été touché par deux fois par le tueur.

Capture ABC News

L’enseignant Arnulfo Reyes était dans l’école d’Uvalde, au Texas, le 24 mai dernier, lorsque le jeune Salvador Ramos a attaqué, tuant 21 personnes dont 19 jeunes enfants. Arnulfo Reyes a lui-même été blessé et les 11 élèves dont il avait la charge sont morts. Aujourd’hui, il témoigne, affirmant qu’il ne pardonnera jamais les policiers pour leur passivité et même leur lâcheté.

Le jour de la tragédie, Arnulfo Reyes s’est réveillé convaincu que ce serait «une bonne» journée, a-t-il expliqué à ABC News depuis un lit d’hôpital de San Antonio. Vers 11 h 30, il proposait un film à ses élèves lorsqu’il a entendu un «bang».

Pas encore certain de ce qu’il se passait, l’enseignant a demandé à ses élèves de se coucher sous leurs bureaux, et de rester comme s’ils étaient endormis, silencieux. Une réaction qui avait été déjà répétée dans le cadre d’entraînements.

«J’ai perdu 11 enfants»

Puis le tueur est entré dans sa classe et s’est mis à tirer dans tous les sens. Touché à un bras, Arnulfo Reyes s’est écroulé au sol. Il a alors tenté de faire le mort. Ensuite, a-t-il raconté, le silence s’est abattu dans la salle. Puis l’assaillant s’est remis à tirer, manifestement bien décidé à achever tous ceux qui n’étaient pas morts. Il a tué les 11 enfants présents. Tous avaient 10 ou 11 ans. «S’il ne les a pas eus la première fois, il les a eus la deuxième fois», a lâché l’instituteur. «J’ai perdu 11 enfants ce jour-là, tous en même temps.»

Lui-même a été «achevé», même s’il n’a pas été tué: une balle a transpercé son dos et ses poumons. Il a depuis déjà subi cinq opérations chirurgicales et a eu besoin de multiples transfusions de sang.

Arnulfo Reyes raconte qu’après avoir été touché une seconde fois, il a perdu la notion du temps. Mais c’est ce qu’il s’est passé lorsque le tueur est sorti de sa classe qui l’a «détruit», selon ses mots. Durant plus de 70 minutes, aucun policier n’est intervenu. Et le carnage a continué.

«Je ne leur pardonnerai jamais»

Les policiers locaux étaient en effet très rapidement sur place. Mais après avoir essuyé des coups de feu, ils ont décidé de rester à l’extérieur des classes et d’attendre une unité d’élite. Résultat, les premiers policiers ont très brièvement tenté de s’interposer à 11 h 35. Mais l’assaut n’a été lancé qu’à 12 h 50…

Durant tout ce temps, l’instituteur a raconté avoir entendu un élève d’une classe voisine appeler la police. Il disait: «Officier, nous sommes ici. Nous sommes ici…»

Pour Arnulfo Reyes, la passivité des policiers est plus qu’inadmissible, a-t-il insisté sur ABC News. «Ce sont des lâches», a-t-il tranché. «Ils étaient assis là et n’ont rien fait pour nous. Je ne leur pardonnerai jamais.» Et l’instituteur d’ajouter, sur les forces de l’ordre: «Ils avaient des gilets pare-balles, je n’avais rien».

La décision de la police d’attendre des renforts a été vivement critiquée aux États-Unis, notamment par les autorités texanes, qui ont parlé de «mauvaise décision».

Arnulfo Reyes, lui, a encore précisé qu’il entend désormais s’engager pour un meilleur contrôle des armes à feu dans son pays, plaidant pour un relèvement de l’âge limite et un contrôle des antécédents des acheteurs.

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