Importations alimentaires – De nouvelles règles sèment la pagaille en Chine

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Importations alimentairesDe nouvelles règles sèment la pagaille en Chine

Manque de clarté et délai d’application expéditif: une nouvelle législation sur l’importation de produits alimentaires met sous pression les entreprises étrangères attirées par l’appétit de la Chine.

La nouvelle législation sur les importations alimentaires sème la pagaille.

La nouvelle législation sur les importations alimentaires sème la pagaille.

AFP

La Chine est le plus gros importateur de denrées alimentaires au monde: le pays a acheté l’an dernier à l’étranger pour 108 milliards de dollars (98,5 milliards de francs) de boissons et nourriture. Et le chiffre ne cesse de grossir: ses importations alimentaires ont bondi de près de 30% sur un an au cours des trois premiers trimestres 2021.

Mais au printemps dernier, Pékin a publié deux nouveaux décrets pour améliorer la traçabilité des produits, dans un pays longtemps secoué par des scandales sanitaires. Au 1er janvier 2022, tous les producteurs de denrées exportées vers la Chine devront être enregistrés auprès des douanes et obtenir un numéro d’identification.

Au niveau international, seuls les produits «à haut risque» d’un point de vue sanitaire (viande, produits laitiers ou de la mer…) sont généralement soumis à des mesures spéciales. La nouvelle législation les durcit et étend le champ à une multitude de produits qui n’étaient pas concernés jusque-là: miel, huile d’olive, café en poudre, barres chocolatées, boissons alcoolisées… Il s’agit d’une spécificité chinoise sans équivalent dans le monde.

«Manque de clarté»

Problème: les modalités d’application ont été publiées sur le tard et le site pour s’enregistrer n’a été mis en ligne que le mois dernier, prenant au dépourvu les producteurs étrangers. La procédure «manque de clarté», s’agacent sous couvert de l’anonymat plusieurs d’entre eux.

Le site d’enregistrement, qui est dans une version évolutive, ne propose par ailleurs pas toutes les informations en anglais. Des entreprises ont pu s’enregistrer. Mais le processus est complexe et soumis à approbation. Un certain nombre a échoué. D’autres ont reçu un code pays erroné, fait remarquer une source diplomatique à Pékin.

Pour laisser le temps aux entreprises de s’adapter, plusieurs pays et l’Union européenne ont plaidé auprès de Pékin pour un report de la mesure. En vain. À quelques jours de l’entrée en vigueur de la nouvelle législation, «de nombreuses sociétés attendent toujours d’obtenir leur autorisation», regrette à Pékin la Chambre de commerce de l’UE.

«Rideau d’importation»

«C’est un sujet de grande préoccupation», indique à Paris la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). La France, à elle seule, compte plus d’entreprises concernées par la nouvelle législation que le reste des pays européens, particulièrement dans le domaine viticole.

La veille de Noël, les Douanes se sont finalement résolues à approuver les produits «à haut risque» de plusieurs pays, selon la source diplomatique. Mais au 1er janvier, «le rideau d’importation tombera», prévient Alban Renaud, avocat en Chine du cabinet Adaltys.

Barrières à l’exportation?

Au nom de la lutte contre le Covid-19, Pékin impose à ses frontières des mesures de contrôle drastiques sur les denrées importées (tests de dépistage sur les aliments et emballages, désinfection systématique). Ces mesures, jugées «disproportionnées» par certains professionnels, entraînent retards et coûts supplémentaires.

Des problèmes d’importation alimentaire sont à prévoir dès février, subodore la source diplomatique. Depuis la découverte l’an dernier de traces de virus sur une planche à découper du saumon d’importation dans un marché de Pékin, la Chine est particulièrement tatillonne avec la chaîne du froid.

L’hypothèse d’aliments surgelés à l’origine de l’épidémie de Covid-19 en Chine avait cependant été battue en brèche par l’OMS. «Les produits qui ne répondent pas aux normes (sanitaires) seront rejetés», a insisté mercredi une responsable de l’administration qui supervise l’agroalimentaire. De quoi voir, pour certains observateurs, de «nouvelles barrières à l’exportation» sous couvert de lutte contre l’épidémie.

(AFP)

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