Besançon (F)Mort de Narumi: «J’ai déjà répondu, cette nuit-là je dormais»
Jeudi, l’ancien petit ami de Narumi a continué à nier devant la cour sa participation dans la mort de la jeune femme, disparue en décembre 2016, à Besançon, en France.
Le Chilien Nicolas Z. a encore nié son implication jeudi à Besançon, lors des premiers instants de son ultime interrogatoire devant la cour d’assises du Doubs, où il répond de l’assassinat de son ex-petite amie japonaise, Narumi Kurosaki, en décembre 2016.
«Il est établi que vous avez passé la nuit du 4 au 5 décembre 2016 avec Narumi, qu’après ça, plus personne ne l’a revue vivante, contrairement à vous qu’on a revu», attaque d’emblée le président de la cour d’assises du Doubs, Matthieu Husson. «Voulez-vous nous dire ce qu’il s’est passé?» l’interroge-t-il sans détour. «Vous faites référence à quelle nuit?» réplique le Chilien de 31 ans, déclenchant des soupirs dans la salle d’audience. Depuis le début de son procès le 29 mars, Nicolas Z. répond volontiers aux questions par d’autres questions.
La date étant dûment précisée par le président de la cour, il lâche finalement: «J’ai déjà répondu à cette question, cette nuit-là je dormais». Malgré d’intenses recherches à Besançon et dans une zone forestière du Jura, où Nicolas Z. a fait des arrêts suspects au volant de sa voiture de location, le corps de Narumi Kurosaki n’a jamais été retrouvé.
Couteau et asphyxie
Un couteau laissé à son cousin, vivant à Barcelone, avant de quitter l’Europe pour le Chili? «Je ne me souviens plus de ce couteau». Pourquoi avoir demandé à ce cousin médecin des informations sur la mort par asphyxie? «Je ne me souviens pas de cette conversation en particulier».
Toujours bien mis – chemise et cravate -, Nicolas Z. parle d’abord d’une voix claire et assurée, comme lors de ces précédents interrogatoires. Il reprend aussi les interprètes chargés de la traduction simultanée de l’espagnol au français. Mais ses explications restent vagues. «Là encore, ce n’est pas vraiment une réponse», s’agace le président. «Aucune cohérence avec la question posée», relève-t-il un peu plus tard.
«Si ce n’est pas vous, qui est-ce?»
Clamant son innocence depuis le début, le jeune homme a également contesté jeudi avoir fait traduire des messages en japonais et les avoir envoyés à la famille de Narumi Kurosaki, malgré les témoignages de deux Japonaises. «Il s’agissait d’un message que Nicolas Z. voulait traduire dans un style féminin», s’est souvenu Megumi Sugisaki, 27 ans, témoignant en visioconférence depuis Tokyo. Il «disait que la personne qui parlait allait entreprendre un voyage et que pour cette raison elle ne pouvait pas répondre», a-t-elle précisé.
Des messages similaires ont été envoyés aux proches de Narumi via ses comptes, usurpés par Nicolas Z. selon les enquêteurs pour brouiller les pistes et retarder le lancement des recherches après sa disparition. Le 15 décembre, Nicolas Z. «m’a demandé de supprimer toute trace de correspondance avec moi et, sans m’en dévoiler la raison, il m’a demandé de faire une capture d’écran pour prouver que j’avais effacé», a-t-elle témoigné. «Si ce n’est pas vous (qui avez envoyé ces messages), qui est-ce?» demande le président à l’accusé. «Moi aussi, j’aimerais bien savoir», lui répond celui-ci.
«Démon en liberté»
Jeudi, la mère de Narumi Kurosaki avait bouleversé l’auditoire, implorant la cour de ne pas laisser «ce démon en liberté». «Je ne sais simplement pas ce que je peux faire pour les réconforter dans leur douleur», avait froidement répondu Nicolas Z. à cette mère désespérée et à l’une des sœurs de Narumi qui l’exhortaient à dire la vérité.
«Manifestement, rien ne permet d’atteindre et de briser cette carapace qu’il s’est construite et ce déni absolu», avait regretté Me Galley au terme de ces échanges. Les plaidoiries des avocats et les réquisitions doivent débuter lundi avant le verdict attendu mardi.